Le président du conseil général du Nord, Patrick Kanner (PS), revenant sur la suppression annoncée des départements à l'horizon 2021, a ironisé vendredi sur la conception du "débat" du Premier ministre Manuel Valls en matière de réforme territoriale.
"J'ai bien aimé le mot +débat+ dans la bouche du Premier ministre", lors de son discours mardi à l'Assemblée nationale "mais il ne peut pas y avoir débat si les conclusions en sont déjà connues", a déclaré à la presse M. Kanner, à la tête du département le plus peuplé de France.
"On ne peut pas mener un débat à la schlague", a-t-il lancé, en réclamant "de la cohérence, de la raison" dans les projets de réforme, rappelant qu'"on était
en train de négocier la deuxième loi de territorialisation" de la législature quand M. Valls a fait ses annonces sur la suppression des départements et la réduction du nombre de régions.
Qui ferait quoi ?
"La suppression des départements ne peut pas être l'alpha et l'oméga du règlement de la dette publique de notre pays", a encore affirmé M. Kanner. Pour lui, "peut-être faut-il supprimer un échelon territorial, mais le vrai sujet c'est quelles compétences, assurées par qui?".M. Kanner a indiqué que le bureau extraordinaire de l'Association des départements de France (ADF) se réunirait mardi 15 avril afin de "fixer une stratégie", dans l'attente du rendez-vous "urgent" que son président, Claudy Lebreton (PS), a demandé à M. Valls.
"Aujourd'hui les départements sont les amortisseurs de la crise sociale et il ne faut pas mettre en péril" un tel "outil", déjà mis à mal, a-t-il souligné, par la montée des dépenses sociales que l'Etat a mises à leurs charges, sans compensation financière adéquate. Il a comparé à un "tsunami" la hausse des dépenses liées au RSA dans le département du Nord, qui verse déjà à ce titre 600 millions d'euros par an à 145.000 personnes.