Un ministre belge a demandé à des auxiliaires de justice de recenser les signes de radicalisation, notamment en signalant les nouveaux "barbus", provoquant l'émoi vendredi d'un syndicat.
Les quelque 700 agents des "Maisons de justice" de la partie francophone du pays, qui assurent notamment le suivi de personnes en liberté conditionnelle ou effectuant des travaux d'intérêt général, ont reçu en début de semaine un courriel leur demandant de dresser un inventaire "précis" des individus ayant "manifesté des signes de radicalisation".
L'e-mail a été envoyé par les services de Rachid Madrane, ministre chargé de l'Aide à la jeunesse et des Maisons de justice en Wallonie et à Bruxelles, deux mois après le démantèlement d'une cellule jihadiste qui préparait des attentats en Belgique. Les fonctionnaires étaient appelés à répertorier, dans un délai de trois jours, tout "changement d'attitude", tels que "ne plus vouloir serrer la main d'une femme, devenir barbu ou s'habiller en respectant les critères du Coran alors que ce n'était pas le cas auparavant, abandon d'activités ludiques que la personne aimait faire avant, etc.". "Ce n'est pas le rôle des assistants de justice, il ne vont pas se transformer en indicateurs de la police", a réagi vendredi un responsable du syndicat chrétien CSC, Xavier Lorent, regrettant que les critères énoncés soient "subjectifs" et qu'ils "ne visent qu'une sorte de radicalisme".
"Petite maladresse"
"Je ne souhaite pas faire de ces assistants de justice des indicateurs", a répondu M. Madrane, interrogé par l'AFP. L'objectif est de "connaître l'ampleur du phénomène" de radicalisation afin "d'organiser en conséquence les formations" qui seront prodiguées aux assistants de justice, a-t-il expliqué. Ce ne sont pas les signes physiques qui "déterminent la radicalisation d'une personne" mais bien ceux liés au comportement, comme "l'isolement d'une personne par rapport à son entourage", a-t-il souligné, tout en reconnaissant une "petite maladresse" de la part de son administration.
La Belgique est un des pays les plus touchés en Europe par le départ de combattants en Syrie. Entre 300 et 400 Belges y sont partis ces dernières années.