Congrès PS : les bisbilles locales dans le Nord prennent une tournure nationale

A deux jours de l'élection des patrons de fédérations socialistes, les bisbilles locales dans le Nord ont pris une tournure nationale, avec un conflit, toujours bloqué mardi, entre la maire de Lille Martine Aubry et le ministre de la Ville et des Sports Patrick Kanner.

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Jeudi, à la suite du processus du congrès de Poitiers, et comme dans chaque fédération PS, le poste de secrétaire fédéral est remis en jeu lors d'un vote des militants. Problème dans le Nord, l'une des plus grosses "fédés" du parti, où deux personnes sont candidates pour représenter la motion majoritaire: d'un côté le premier fédéral sortant Gilles Pargneaux, aubryste, et de l'autre Martine Filleul, soutenue, elle, par Patrick Kanner, ancien président du conseil départemental du Nord.

Signe de fébrilité, dès le lendemain du congrès de Poitiers, Jean-Christophe Cambadélis s'est empressé de convoquer la presse, en marge d'un hommage à Pierre Mauroy, pour apporter son soutien, en sa présence, à Gilles Pargneaux: "Il faut que tu termines le job. Il faut que la fédération du Nord se rassemble, se concentre sur ce qui est l'enjeu essentiel: d'abord les Français, ensuite la reconquête des territoires, des coeurs et des têtes". Selon M. Cambadélis, il serait opportun que M. Pargneaux reste au moins jusqu'aux régionales de décembre, avec un travail de "rénovation", alors que deux grandes villes, Roubaix et Tourcoing, de même que le département sont tombés aux mains de la droite. M. Pargneaux se verrait bien "passer le relais" à la tête du PS du Nord en cours de mandat à Roger Vicot, maire de Lomme, également proche de Mme Aubry. Mais mardi, les négociations étaient toujours "bloquées", confiait un proche de M. Kanner. Elles se "poursuivent", voulait croire une autre, plus optimiste.

Haine Aubry/Kanner

Et une source proche du dossier indiquait en milieu de journée que François Hollande avait "fait passer un message d'apaisement à Patrick Kanner". Une tentative pour le "débrancher", vaine à ce stade. "Pitoyable et irrespectueux", pestait, en privé, un partisan de M. Kanner. "La pluralité des candidatures, c'est permettre aux militants de choisir librement = signe d'un parti en bonne santé. #LaissezNousChoisirPS59", a aussi déclaré Mme Filleul sur Twitter.

Le conflit qui oppose Martine Aubry à Patrick Kanner n'est pas nouveau. "A la haine locale s'ajoute une dimension nationale", commente, placidement, un membre de la motion de l'aile gauche. Le différend remonte au moins à la nomination au gouvernement, en août 2014, de M. Kanner, présenté alors comme un proche de la maire de Lille alors qu'il ne l'était pas. En outre, M. Kanner assure être devenu majoritaire dans la fédération, contestant ainsi le leadership de l'ex-première secrétaire du PS. "La bagarre pour savoir qui est le mieux placé est frontale", commente un cadre PS. A moyen terme, M. Kanner vise la ville de Lille aux prochaines municipales, un siège que Mme Aubry veut laisser à François Lamy, l'ex-ministre de la Ville, un très proche qu'elle a fait venir spécialement il y a quelques mois. "Kanner n'a de cesse d'attaquer Aubry. Son vrai sport, c'est celui-là", observe un ténor politique, plutôt neutre dans l'affaire. "Mme Aubry souhaite la peau de Kanner car derrrière, il y a les municipales. Maintenant, le feu est dans Lille", abonde un ministre. A Poitiers, Martine Aubry se disait devant les caméras de "très bonne humeur", quand les bruits de couloir affirmaient l'inverse. En mars, en négociant son ralliement à la motion Cambadélis, notamment avec François Hollande, elle n'avait pas prévu ce petit caillou...
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