Les betteraviers, situés principalement dans les Hauts-de-France, ont connu des rendements décevants en 2016 pour la dernière récolte avant la levée des quotas européens sur le sucre.
La récolte de betteraves est estimée à 34 millions de tonnes cette année, contre 33,5 millions de tonnes l'an passé, après une augmentation notable des surfaces cultivées à 400.467 hectares, contre 382.858 en 2015. "Les rendements sont décevants, hétérogènes et parfois catastrophiques dans certaines régions", a commenté jeudi devant la presse Eric Lainé, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB).Le rendement en sucre recule également, à 12,2 tonnes de sucre par hectare, contre 12,6 l'an dernier.
Malgré ces déboires, La France reste le premier pays producteur de sucre de betteraves du monde, et le premier producteur européen de sucre. Les Hauts-de-France, sont la première région productrice.
"L'excès d'eau en juin/juillet a perturbé le rendement de la betterave", a commenté Alain Jeanroy, directeur-général de la CGB. Avec 85 tonnes à l'hectare, il est de "cinq tonnes inférieur à la moyenne sur cinq ans", a-t-il ajouté. La CGB se veut toutefois globalement optimiste pour la suite et la fin des quotas européens de sucre, prévue le 1er octobre 2017.
"On a mis la filière en ordre de marche. On a signé cet été un accord interprofessionnel pour trois ans", a expliqué Eric Lainé. Les hausses de rendement attendues sont destinées à essayer de combler le différentiel de compétitivité avec le sucre de canne. L'interprofession a d'ores et déjà prévu d'augmenter les surfaces de culture de 20% cette année, afin de recommencer à exporter vers les pays tiers.
Si le sucre est très bien côté sur les marchés anglo-saxons pour 2018, pour la suite, c'est plus flou et les cultivateurs sont à la merci de la volatilité des cours mondiaux. D'où la nécessité de préparer au mieux la gestion des risques et notamment des systèmes assurantiels adaptés.
Les cultivateurs français espèrent en tout cas passer de 2 à 3 millions de tonnes d'exportations de sucre, dont 1,3 million de tonnes vers les pays tiers. Les ports français bénéficieraient également de cette activité supplémentaire, principalement Dunkerque (85.000 tonnes) et Calais (67.000 tonnes).
Seul motif d'inquiétude et surtout de colère noire pour les 26.000 planteurs français: l'avis rendu mercredi par la Commission européenne en matière énergétique. Elle a présenté mercredi ses propositions de révisions de la directive sur les énergies renouvelables qui prévoient une réduction draconienne de la part des carburants d'origine agricole de première génération dans le total des carburants entre 2021 et 2030 qui passerait de 7 à 3,8%. Une telle mesure mettrait en danger la filière betterave, estiment les planteurs qui ont d'ores et déjà prévenu qu'ils ne se laisseraient pas faire.