En 1908, elle commence son premier externat sous la houlette d’un pionnier de la chirurgie maxillo-faciale, le professeur Morestin. L’année suivante, c’est au sein du service de dermatologie, avec le professeur Brocq, qu’elle effectue un second externat. Et c'est justement à Saint-Louis qu'elle effectue ses premiers gestes de chirurgie esthétique, sur des volontaires.
Une pionnière dans son domaine et féministe dans l'âme
Durant la guerre, Suzanne Pertat est autorisée à exercer la médecine. Coupée de ses biens de Laon, envahie par les Allemands, elle doit faire vivre sa fille et sa mère réfugiée et exerce la médecine dans de terribles conditions matérielles. Tandis que les blessés de la face se multiplient, elle se dépense sans compter.
En 1923, alors que la jeune médecin vient de perdre sa fille unique à cause de la grippe espagnole et son mari à la guerre, elle est contactée par l'américain Stuart Morrow pour créer un club Soroptimist, une sorte de Rotary féminin. Suzanne Noël fonde en octobre 1924 le premier club Soroptimist du continent européen, le club de Paris. Elle y invite ses amies poétesses, journalistes, etc.

Soldat ayant perdu l'œil droit pendant la première guerre mondiale.
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© Jacques Boyer/Roger-Viollet
"Deux fois folle"
Dès lors, on dit de Suzanne Noël qu'elle est "deux fois folle". D'abord parce qu'elle se spécialise dans la chirurgie plastique, et ensuite parce qu'elle s'engage entre autres, pour le droit de vote des femmes.
Mais les moqueries se l'arrêtent pas. À 48 ans, tandis que son second mari vient de se suicider, elle décide de passer sa thèse de médecine, dont elle avait été dispensée à cause de la guerre.
Au printemps 1936, Suzanne Noël perd la vue durant plusieurs mois. Elle se consacre alors au club des Soroptimist et voyage à travers le monde pour ouvrir de nouvelles antennes, tout en donnant des conférences sur sa pratique de la chirurgie esthétique. Personnalité internationale de premier plan, elle fonde successivement les clubs Soroptimist de La Haye, Amsterdam, Vienne, Berlin, Anvers, Genève, les clubs baltes, ceux d'Oslo, Budapest, et même ceux de Pékin et Tokyo.
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Résistante sous l'Occupation
Opérée de la cataracte, elle reprend du service sous l'Occupation pour remodeler et transformer le visage de résistants recherchés par la Gestapo. Elle "arianise" les "nez sémites". Après la guerre, elle aide les rescapés des camps pour effacer les traces de leur déportation.Après sa mort en 1954, une bourse portant son nom est instituée pour aider une femme médecin à se spécialiser en chirurgie plastique.
Le timbre à son effigie sera disponible dès le 3 mars. Il s’agit d’un timbre vertical aux dimensions 30×85 et d’une valeur faciale de 95 centimes d'euros. Le timbre sera vendu en avant-première les vendredi 2 et samedi 3 mars 2018 de 9 à 17 heures à L’E.S.C.A.L., 63, rue Serurier, à Laon.