"C'est trop compliqué d’assumer tous les soins, seul, 24h/24, 7j/7" : un vétérinaire suspend ses consultations auprès des éleveurs

À Guise, dans l'Aisne, le vétérinaire a décidé d'arrêter ses consultations en milieu rural. Depuis le départ de ses deux collaborateurs, il assure seul, 24h/24 et 7 jours sur 7 le suivi d'une centaine d'exploitations en plus de ses consultations au cabinet. Une décision que comprennent les éleveurs même si elle les pénalise.

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Devant l'étable, le Dr Olivier Scraepen fait quelques dernières recommandations à Estelle Mulet. Cela fait 18 ans que le vétérinaire s'occupe des bêtes de l'éleveuse de Saint-Richaumont dans l'Aisne. Mais depuis le 8 septembre et le départ de ses deux vétérinaires salariés, il est seul pour assurer le suivi d'une centaine de clients en milieu rural.

Une disponibilité 24h/24, 7j/7

Une charge trop lourde, d'autant qu'elle représente 40% de l'activité de son cabinet installé à Guise.

À contrecœur, le praticien a donc décidé de suspendre ses consultations auprès des éleveurs. "C'est une décision que j'ai mûrement réfléchie. Qui n'était pas facile à prendre. Et oui, j'ai un peu le sentiment de les abandonner, regrette-t-il. Mais je suis seul. Et seul, je ne peux pas offrir un service professionnel de qualité. Pour mon hygiène de vie, ça devient trop compliqué d’assumer tout, tout seul 24h /24, 7j/7. Et pour les éleveurs, ce n’est pas bon non plus parce qu’ils vont devoir attendre beaucoup plus longtemps que je sois disponible pour me rendre sur l’exploitation."

Pour l'éleveuse, cette décision est un coup dur même si elle comprend parfaitement la décision d'Olivier Scraepen. Difficile pour elle de trouver un nouveau vétérinaire qui travaille en milieu rural et tout recommencer à zéro avec "quelqu'un qu'on ne connaît pas et qui ne nous connaît pas. C'est un peu comme un médecin de famille qui s'en va, s'attriste-t-elle, en caressant un veau. Lui savait quelles maladies j'avais déjà eues sur l'exploitation. Il connaissait les problèmes que je pouvais avoir ou que j'avais essayé de soigner. Que là, il faut tout réapprendre avec un autre vétérinaire. Et ça, ce n’est pas facile."

Liste d'attente

Encore faut-il qu'elle en trouve un : il y a tellement peu de vétérinaires ruraux qu'Estelle Mulet est sur la liste d'attente d'un praticien à Vervins. "Et encore, j'ai de la chance parce que je suis au milieu de Guise et de Vervins. Mais on m'avait orientée vers un cabinet dans le Nord et vers un autre dans la Somme."

En attendant, "quand ce n'est pas une grosse intervention, on essaie de le faire nous-même". Estelle ne sollicite le Dr Scraepen que lorsqu'il y a une urgence, "un vêlage qui se passe mal parce que ce sont des jumeaux qui essaient de sortir en même temps. Ou une perfusion à poser à une vache qui vient de vêler et qui est trop faible pour se lever. On finira par être amenés à le faire, mais le problème, c'est le diagnostic, pas l'administration du traitement".

Le Dr Scraepen continue son activité auprès des animaux domestiques dans son cabinet à Guise. Depuis l'annonce du départ de ses salariés en janvier, il recherche des remplaçants pour l'aider, mais il ne trouve pas preneur. "J'ai publié des annonces, mais personne ne vient me seconder. Des annonces sur les réseaux sociaux, sur des sites spécialisés, dans les écoles vétérinaires et je n'ai pas eu de propositions concrètes, explique-t-il. Ce n'est pas propre au rural : tous les vétérinaires et les structures vétérinaires cherchent des salariés. Que ce soit en ville, en campagne, dans le nord, dans le sud. Donc le salarié va là où c'est le mieux et là où ça lui plaît le plus."

Et ça n'est pas la campagne qui plaît le plus : seuls 22% des vétérinaires exercent en milieu rural. 

Avec Rachel Demis / FTV

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