"C'est un métier artisanal" : à 23 ans, une jeune réparatrice d'instruments de musique ouvre son atelier dans l'Aisne

C'est une profession peu répandue qu'a décidé d'exercer Chloé Pourrier. À 23 ans, cette Axonaise a décidé de revenir dans l'Aisne après ses études au Mans pour exercer son activité. Elle vient d'ouvrir son atelier de réparation d'instruments à Soissons. Une aubaine pour le milieu musical.

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L'atelier Calliopé, c'est son nom, inauguré jeudi 26 septembre, est resplendissant tout comme les cuivres qui y trônent. Dans ce local, depuis un mois désormais, Chloé Pourrier s'emploie à réparer, entretenir, restaurer ces instruments de musiques : clairons, trompettes, trombones. Tous nécessitent des soins et la jeune femme a fort à faire pour enlever les bosses, réparer les pistons et leur redonner tout leur éclat.

Un grand saut dans la vie active pour cette jeune femme de 23 ans qui a décidé de créer son entreprise à Soissons. Son métier officiel : "technicienne en facture instrumentale", mais pour la plupart de ses clients, Chloé est réparatrice d'instruments. Ce métier passion tient véritablement de l'artisanat. La réparatrice peut passer plusieurs heures au chevet d'un seul instrument. "Il y a des techniques, des gestes précis qui font qu'on fait du beau travail. Il faut avoir des notions d'acoustique. Sur un instrument, tout a un impact sonore. Bouger une petite pièce de 5 mm, ça change quelque chose. Il faut avoir conscience de tout ça, mais c'est aussi affaire d'esthétique".

"Ça s'apprend sur le tas"

Désormais, la jeune femme se met à la disposition des musiciens pour réparer, entretenir, restaurer leur précieux matériel. Pas seulement, "il y a aussi des personnes qui ne sont pas musiciens", précise Chloé Pourrier. Des clients qui apprécient la beauté de l'objet acheté sur une brocante ou l'ont reçu en héritage familial.

La jeune chef d'entreprise s'est formée à l'ITEMM (Institut technique européen des métiers de la musique) du Mans, unique formation spécialisée dans le domaine en France. Une formation en alternance de 4 années durant laquelle elle a exercé dans un atelier spécialisé dans les cuivres en région parisienne et à Crécy-sur-Serre dans l'Aisne avant d'obtenir son brevet des métiers d'art. "Je pense qu'avoir le diplôme n'est pas indispensable. Comme tous les métiers artisanaux ça s'apprend sur le tas, mais aujourd'hui les ateliers qui embauchent regardent beaucoup ça", estime la jeune femme.

Originaire d'Autremencourt dans l'Aisne, près de Marle, elle a décidé de revenir dans le département pour exercer son activité et s'installer à son compte. "Je ne pensais pas m'installer aussi tôt. C'était plutôt pour bien plus tard. Je voulais ouvrir mon atelier, mais pas tout de suite", confie Chloé Pourrier. "Cela faisait 4 ans que j'étais en région parisienne. C'est une autre vie. Je suis partie à contrecœur d'un atelier et d'une équipe où je me plaisais beaucoup, mais je ressentais vraiment le besoin de partir de la vie parisienne et de me rapprocher de ma famille".

Comme trouver un emploi salarié dans un atelier existant était difficile, elle a décidé de se lancer. Il lui restait à relever le défi de la création d'entreprise, acheter tout le matériel spécialisé, accomplir les démarches administratives. Pour cela, elle a obtenu le soutien de la Maison des entreprises de Thiérache et de la Serre ainsi qu'un prêt d'honneur de "Initiative Aisne" pour l'aider dans son implantation. C'est désormais chose faite.

Grâce à une classe orchestre

Cette installation, c'est vraiment l'aboutissement d'une passion pour l'intéressée. Elle lui vient de son plus jeune âge. "Dans ma famille, il n'y a pas forcément de musiciens, à part mon père qui a joué du clairon pendant son service militaire et dans la batterie fanfare de Marle. J'ai eu la chance de pouvoir participer à une 'classe orchestre' à l'école. J'avais déjà choisi le trombone. Ça m'a plu". Elle a ensuite suivi des cours à l'école de musique de Crécy-sur-Serre. Mais alors pourquoi ne pas devenir musicienne ? "J'ai toujours voulu faire un métier manuel. J'aimais bien jouer du trombone, mais je ne me voyais pas musicienne professionnelle. Je trouvais que c'était un très beau métier, mais je ne voulais pas ça pour moi. Cela restait un loisir. J'ai découvert le métier de réparateur pendant mon stage de 3e. Ça alliait tout ce que je voulais faire : c'était le métier artisanal et la musique".

En s'installant à Soissons, la jeune femme espère combler un vide dans le département où il n'existe qu'un autre atelier spécialisé, à Crécy-sur-Serre."Je trouvais que c'était central dans l'Aisne et accessible de partout. Ça m'a paru être le bon choix et c'est une ville que j'apprécie beaucoup".

Cette arrivée est en effet bienvenue dans le paysage musical du sud de l'Aisne. "C'est une excellente chose pour les harmonies, les conservatoires, les écoles de musique", se réjouit Jean-Luc Sauvage, professeur d'enseignement artistique à Soissons et Château-Thierry et un des chefs d'orchestre de l'harmonie de Château-Thierry.

"C'est une excellente chose"

Après la fermeture l'an passé de l'entreprise PGM Couesnon à Château-Thierry qui fabriquait et réparait des instruments, les musiciens du secteur devaient se déplacer loin pour faire entretenir leur matériel. "C'est courageux, c'est un métier assez difficile. Il y avait un vrai vide. Les ateliers étaient assez éloignés. C'est tout l'intérêt de pouvoir déposer facilement un instrument pour faire un entretien régulier, une remise à niveau. Cela ne se fait pas en 5 minutes. En étant sur place, c'est vraiment un plus pour toutes les harmonies du sud de l'Aisne", estime Jean-Luc Sauvage, déjà client du nouvel atelier.

Pour le moment, Chloé Pourrier poursuit son implantation et continue de se faire connaître du vivier musical local. Elle envisage la suite avec optimisme. "Le bouche-à-oreille se fait assez rapidement. Les musiciens se connaissent. Je ne pensais pas que ça irait aussi vite. Je m'attendais à ce que ce soit plus long. Il y a quand même beaucoup de musiciens, je ne m'en rendais pas compte". Des débuts intenses qui ne l'empêchent pas de continuer à jouer du trombone dans plusieurs orchestres locaux.

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