À partir du 1er janvier 2024, tous les ménages français devront disposer d’une solution afin de trier leurs déchets organiques. Dans les Hauts-de-France, le Réseau Citoyen Compost (RCC) œuvre à mettre en place ces dispositifs auprès des collectivités, pas toutes encore prêtes à appliquer cette future obligation.
Dans quatre mois, à partir du 1er janvier 2024, tout le monde devra trier ses déchets organiques : pelures de légumes et de fruits par exemple. Comme dans les autres régions, ce sont les différentes collectivités des Hauts-de-France qui doivent proposer des solutions de tri ou de compostage aux habitants. Qu’elles soient individuelles ou collectives.
Début 2023, en termes de compostage collectif, 52% des collectivités avaient au moins un site à la disposition de leurs habitants, selon une étude du Réseau Citoyen Compost (RCC) Hauts-de-France. Cet organisme, regroupant entreprise, association et citoyen dans le domaine, aide les communes dans cette tâche.
Morgane Noury, coprésidente du collectif, agissant dans l’Aisne, explique qu'en dehors du tri des biodéchets, la solution du compostage de proximité est la solution qui attire le plus les collectivités. Concrètement, "certaines choisissent de faire le ramassage à la porte, ou d’autres proposent des compostages via plateformes collectives. C’est très variable", ajoute Anne-Marie Bortier, à l’origine de l'association RCC, habitante dans le Nord.
"Il n’y a pas 50 solutions. C’est soit du compostage individuel, soit du compostage partagé. Et soit de la collecte en porte-à-porte, soit de la collecte en apport volontaire".
Sébastien Pété - responsable de la collecte des déchets pour GrandSoissons Agglomération
Dans l'Aisne, les collectivités qui "ont pris le plus à bras-le-corps, ces questions-là, ce sont les établissements scolaires", estime Morgane Noury. Elle est à l'origine d'une entreprise travaillant dans les restaurants collectifs, comme les écoles ou les lycées, "sur le compost ou la réduction du gaspillage alimentaire". Les autres collectivités s'interrogent encore beaucoup sur la manière de composter et sur la solution pour entrainer le plus de monde possible.
Le syndicat départemental Valor’Aisne, chargé des traitements des déchets, a mené une étude auprès des collectivités pour les aider à se positionner sur le type de solutions à adopter. Forcément, le coût sera plus ou moins important en fonction du choix fait. Pour Sébastien Pété, responsable de la collecte des déchets pour GrandSoissons Agglomération, "Il pourrait y avoir plusieurs solutions retenues en fonction de la typologie des habitats."
L'agglomération doit étudier le rapport de Valor'Aisne avant de se prononcer, mais elle a déjà entrepris des actions depuis plusieurs années. "Depuis 1995, nous proposons la promotion du compostage individuelle." L’Agglomération aide ainsi ses habitants à se procurer des composteurs en bois ou en plastique, "à prix aidé" : 25 €. 2 300 composteurs ont été vendus depuis.
Sébastien Pété résume : "il n’y a pas 50 solutions. C’est soit du compostage individuel, soit du compostage partagé. Et soit de la collecte en porte-à-porte, soit de la collecte en apport volontaire."
Dans l'Oise, les collectivités s'organisent avec le syndicat mixte
Dans l'Oise, 19 des communautés de communes, chargées de la collecte des déchets, travaillent avec le syndicat mixte du département de l’Oise (SMDO). Les collectivités ont la compétence du ramassage des déchets : ordures ménagères, recyclage et autres, via une collecte de porte-à-porte. Le SMDO s'occupe lui du transport et du traitement de ces derniers.
Dans l’agglomération régionale de Compiègne (ARC), "il y a déjà une collecte séparative des déchets verts, en porte-à-porte depuis plusieurs années" avec le SMDO, précise Arielle François, déléguée à la valorisation des déchets de l'ARC.
Concernant la future loi, cette dernière précise qu'il n'est pas demandé "de prouver une collecte séparative", mais de "proposer à la population une capacité de mettre de côté ce type de déchets."
Pour la collecte des déchets alimentaire, dans l'Oise, si une intercommunalité souhaite mettre en place ce type de ramassage, elle peut le demander au SMDO. "L’intercommunalité va se débrouiller pour faire la collecte. Et le SMDO fera un appel d’offre pour que les traitements soient faits", explique Arielle François. Concernant ce type de collecte, le progrès se trouve dans les cantines des établissements scolaires, comme ce qu'entreprend Morgane Noury au niveau de l'Aisne.
Certaines collectivités sont "démunies"
Les collectivités qui ne sont pas prêtres, vont être confrontées à l'obligation, indique Anne-Marie Bortier. Certaines "n'ont pas prévu de financement dans leur plan, ou sont complètement démunies parce qu'elles s'aperçoivent que pour mettre en place le compostage, il y a besoin d'un accompagnement." Pour faire face à cette impasse, le RCC met donc en lien des acteurs locaux, afin que ces derniers viennent apporter leur savoir-faire aux collectivités.
Pour Anne-Marie, dans les collectivités sans composteurs, il va y avoir un grand travail de formation à effectuer. "Du personnel, des techniciens ou des habitants formés, c'est indispensable tout simplement pour que le compostage soit fait."
Si tout ne sera pas prêt au 1er janvier 2024, les deux membres du RCC veulent rester positifs. Morgane Noury souligne que la sensibilisation au tri des biodéchets et du compostage passe par les enfants. "C'est très facile de leur faire passer les choses. Et puis souvent, ils vont en emmener avec eux les parents. La deuxième chose est d'inclure les personnes. On met tout le monde autour de la table et on s'assure que cela convienne bien à tout le monde."
L'association RCC va ainsi au-devant des collectivités et des communes afin que ces dernières adoptent la meilleure solution de compostage et de tri des biodéchets, en fonction de leur capacité, mais aussi de l'implication de leurs habitants.