La réserve exotique de Blérancourt dans l'Aisne a ouvert ses portes il y a deux ans, en 2022. Aujourd'hui, en août 2024, elle y compte une soixantaine de primates. À l'origine du projet : Laury Venant, un Axonais, déterminé à les sauver du trafic animalier.
Floren, un singe talapoin, est arrivé l’hiver dernier dans l’Aisne. "Il provient du trafic animalier. Il était sur les marchés, en démonstration en fait", explique Laury Venant, fondateur du site. "Floren a été confisqué par les autorités espagnoles, confié à un parc zoologique du sud de la France puis il est arrivé chez nous."
"C’est un animal qui était très imprégné car apparemment, il vivait avec un humain", précise Laury Venant. Comme beaucoup d’animaux recueillis ici, impossible de le remettre sans son milieu naturel : "Ils ne connaissent pas leurs prédateurs, ils ne connaissent pas les feuillages ou les fruits à consommer pour se soigner."
Lutter contre le trafic animalier
Au quotidien, Laury Venant est confronté à de multiples cas de maltraitance. "Il y a des gens qui veulent des animaux atypiques. Ils les achètent sur les réseaux sociaux ou internet. Rapidement, ils s’aperçoivent qu’ils ont des besoins spécifiques au niveau psychologique, physique et alimentaire. Ces animaux sont maltraités : ils ont des carences alimentaires, des problématiques osseuses...", souffle-t-il.
Parfois, les conditions de détention sont désastreuses. Certains veulent des animaux en couche-culotte dans leur salle à manger, c’est délirant, hallucinant.
Laury VenantFondateur de la Réserve Exotique
Une passion qui a pris de l'ampleur
Des sauvetages comme celui de Floren, Laury Venant, 48 ans, en a réalisé des dizaines. "J’ai toujours été passionné par les primates", confie l’Axonais. "Au début, j’ai passé des diplômes auprès de la préfecture pour en détenir à titre privé. Puis, on a créé une association en 2011 pour récupérer des primates saisis. La municipalité de Folembray, là où j’habitais, m’a proposé un terrain. On ouvrait nos portes de temps en temps à l’école, aux habitants...", retrace-t-il.
Au fil des années, la structure manque de place. En 2022, pour faire face aux sollicitations croissantes, il fonde une entreprise et déménage à quelques kilomètres de là, à Blérancourt.
Sur ce nouveau terrain de trois hectares et demi, où travaillent deux salariés et des services civiques, la réserve opte pour un fonctionnement singulier : "Ici, on a deux structures : une partie zoologique où on travaille avec des plans d’élevage européen, on y accueille le public et une autre partie sauvetage, l'association, où il est désormais possible de voir les animaux confisqués par les autorités, des dons de laboratoire, des animaux de réforme."
Pour continuer d'offrir un sanctuaire à ces primates, Laury Venant continue de travailler en parallèle. La nuit, il est infirmier. De quoi financer un prêt personnel, contracté pour financer l’extension.
Afin de se diversifier et attirer du public, d'autres animaux ont aussi rejoint la structure. L’an dernier, la Réserve Exotique a reçu 13 000 visiteurs.
Avec Gabin Cransac / FTV