Dans l'Aisne, les Carrières de Noyant, entreprise familiale, perpétuent l'exploitation locale de la pierre calcaire utilisée dans la construction. Mais pour faire face à la concurrence des pays étrangers et conquérir de nouveaux marchés, il a fallu moderniser l'usine de fond en comble. Aujourd'hui, tout est automatisé.
6 000 m² d'un bâtiment flambant neuf. Treize millions d’investissements. Et à l’intérieur, des machines entièrement renouvelées. La carrière de Noyant à Septmonts dans l'Aisne et ses 40 salariés entrent dans une nouvelle ère.
Kylian Dupont est opérateur machiniste. L'arrivée des nouvelles machines a littéralement changé ses conditions de travail : "Avant, on travaillait en automatique comme en manuel. Aujourd’hui, tout est automatique. Ça nous permet de travailler avec plus de sécurité. Il y a aussi moins de perte sur la matière. Les chutes, on n’est pas obligés de les enlever à la main. Donc, rien que ça, au niveau physique, c’est largement mieux. On passe vraiment à autre chose. On n’est plus trempés parce que quand c’était l’hiver, c’était un peu compliqué", compare-t-il.
Optimiser la production
Jusqu’ici, l’entreprise fonctionnait dans un atelier vieillissant. Désormais, véhicules automatisés et machines interconnectées permettent de découper la pierre calcaire avec une grande efficacité. "On va découper en premier les blocs, pour en faire de tranches et les amener ensuite sous d’autres machines pour les découper aux dimensions commandées par le client avec une précision de plus ou moins un millimètre, explique Nicolas Pottier, responsable production. La pierre, c’est une matière naturelle : il y a un sens de pose et de coupe à respecter. Les nouvelles machines sont plus simples à utiliser : on gagne du temps de production, on a moins de pertes, on coupe plus vite."
Le matériau est extrait juste en dessous de l'usine, à vingt mètres sous terre, dans 50 km de galeries. Cette exploitation ancestrale dans le Soissonnais, l’entreprise entend l’industrialiser par ses investissements pour gagner en productivité et répondre plus rapidement aux commandes. "Le marché a à nouveau envie de pierre pour pouvoir construire durablement et avec un minimum d’impact carbone. Il faut qu’on soit en mesure de répondre à cette nouvelle demande et d’être très réactifs, expose Camille de Paul, codirecteur des carrières de Noyant. Ce nouvel outil industriel doit nous permettre d'y répondre. Avec cette volonté de produire deux fois plus que ce que l'on produisait jusqu'à maintenant en travaillant en plus en trois-huit, tout en ne prélevant pas plus de ressources naturelles au milieu naturel. Si l'on veut que le marché de construction puisse trouver dans la pierre naturelle une alternative en termes de matériau, il faut que l'on soit compétitif et donc qu’on rationalise notre process de production."
Développer la filière
Produite localement, peu gourmande en transformations, la pierre ne manque pas d’atouts. Alors l’entreprise veut reprendre des parts dans un marché français dominé pour moitié par les importations. "C'est une activité qui a été un peu industrialisée après la Seconde Guerre mondiale et qui a ensuite été mise en sommeil, raconte Emeric de Kervenoael, codirecteur des Carrières de Noyant. Forcément, on a laissé un peu la place aux importations. Des pays proches, parfois même européens, viennent nous concurrencer sur notre territoire parce qu’ils n’ont jamais abandonné ce métier et qu’ils ont parfois de l’avance sur la construction des usines. Il faut que l’on réveille la filière pierre en France avec la mise en place de nouvelles usines qui seront capables de délivrer de grands volumes rapidement dans un modèle économique maîtrisé. Et cette nouvelle usine doit nous le permettre."
La modernisation du site des carrières de Noyant a été soutenue par les collectivités. La nouvelle usine devrait être pleinement opérationnelle en novembre.
Édité par Jennifer Alberts / FTV