Initier les enfants à la musique : le dispositif de la Philharmonie de Paris s'étend aux zones rurales dans l'Aisne

Depuis 2013, en partenariat avec la Philharmonie de Paris, le dispositif d'éducation musicale et orchestrale à vocation sociale (Demos) permet à de jeunes enfants de l'Aisne de s'initier à la musique. Le département a été l'un des pionniers de cette opération en province. D'abord ancré dans les villes du département, il s'ouvre cette année au secteur rural de Thiérache.

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Premiers gestes, premiers sons. Dans une salle du Nouvion-en-Thiérache dans l'Aisne, une poignée d'enfants s'essaie pour la première fois à un instrument de musique. "On fait de l'alto et on a appris à jouer ensemble", se réjouit Léonie. Dorénavant, ces violons, altos, ou autres cuivres vont intégrer leur quotidien durant 3 ans.

Depuis début janvier, une centaine d'enfants participent ainsi chaque semaine à un des ateliers du dispositif d'éducation musicale et orchestrale à vocation sociale (Demos) en Thiérache. 7 communes sont concernées cette année dans de ce secteur rural du nord de l'Aisne. 

Apprendre à jouer ensemble

Le but de cette opération est d'amener ces jeunes thiérachiens à s'initier à la musique individuellement, mais aussi bien sûr en orchestre. "C'est le début du projet, on fait connaissance. C'est la rencontre et la découverte de l'instrument, de la discipline, de la manière dont se passe une séance de musique. C'est nouveau pour eux. Petit à petit, ils apprennent à jouer individuellement, mais aussi à jouer ensemble, à s'écouter, apprendre à commencer ensemble. C'est presque une leçon qui va les suivre toute leur vie", explique Mario Guierre, le professeur du jour.

Avec le département de l'Isère, l'Aisne a été pionnière du Demos en province depuis 10 ans. Tout a débuté en 2013, d'abord à Soissons et à Saint-Quentin. Pour Jean-Michel Verneiges, directeur de l'association pour le développement des activités musicales dans l'Aisne (ADAMA) et délégué départemental à la musique dans l'Aisne : "c'est un dispositif pour 7 à 12 ans destiné à les sensibiliser à la musique par la pratique de l'orchestre simplement avec des méthodes destinées à des enfants qui ne sont jamais allés dans une école de musique, qui apprennent par imitation, reproduction, par le chant et aussi la danse".

Entièrement gratuit pour les familles

L'opération est financée à 60 % par la Philharmonie de Paris sur des crédits nationaux et du mécénat, le reste est porté par les collectivités locales. "C'est entièrement gratuit pour les enfants et leurs familles. Les instruments sont prêtés, il n'y a aucune dépense pour participer. Les instruments sont d'ailleurs donnés définitivement après le cycle de 3 ans, pour ceux qui poursuivent une activité d'enseignement dans une école de musique, met en avant Jean-Michel Verneiges. Demos s'adresse à particulièrement à des enfants éloignés du secteur culturel et musical en particulier. Dans les villes, nous allons vers les enfants des quartiers".

Des navettes et des courses de taxi

Mais cette année, le projet prend justement une nouvelle orientation dans l'Aisne. Pour la première fois, l'action se tourne vers un secteur rural : la Thiérache. Si l'intérêt est évident, l'activité est aussi plus complexe à mettre en œuvre compte tenu des distances et des déplacements qui peuvent être un frein. "Il y avait la question de la mobilité qui était à résoudre parce qu'on a des enfants qui ne sont pas dans les structures culturelles classiques et donc il a fallu parfois aussi aller les chercher. On a aussi prévu de déplacer les élèves qui ont des contraintes d'emploi du temps", explique Vincent Lamoureux, vice-président en charge de la culture à la Communauté de communes de la Thiérache du Centre. Il a donc fallu prévoir des navettes ou même des courses de taxi et les financer, mais "c'est un handicap qu'il fallait surmonter", estime Jean-Michel Verneiges.

L'enjeu est à la hauteur de l'investissement. "L'objectif n'est pas de former de grands musiciens. Avant même d'être un projet musical, c'est un projet éducatif. C'est pour ça que l'accompagnement et l'encadrement social sont très importants. Nous cherchons à favoriser l'épanouissement, le développement individuel de ces enfants", précise Jean-Michel Verneiges, jugeant le dispositif "performant". "L'expérience à Soissons et Saint-Quentin nous a montré qu'un certain nombre d'enfants ont été tirés de difficultés personnelles par cette activité".

Au terme de leur cycle de 3 ans, les participants se produiront à l'occasion d'un grand concert à la Philharmonie de Paris, en présence de leurs familles. Une sorte d'apothéose pour ces jeunes musiciens thiérachiens. En 10 ans, près de 500 enfants de l'Aisne auront ainsi bénéficié de Demos. Cette année, 5 secteurs profitent de ce dispositif dans l'ensemble des Hauts-de-France.

Avec Lounis Khelaf et Franck Levasseur / FTV.

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