Les proches de l'accusé et les experts psychiatres se sont succédés ce 23 avril à la cour d'assises de Laon pour définir la personnalité de Jonathan Maréchal. S'il est l'auteur des coups qui ont donné la mort au petit Tom en 2018, il était en pleine possession de ses moyens, affirment les médecins.
Comment a-t-on pu faire subir pareil calvaire au petit Tom ? Cette question, les parents du petit garçon de 9 ans supplicié en mai 2018 se la posent depuis plus de 2 ans et il semble que le principal suspect du meurtre ne veuille pas leur donner de réponse. Jugé à Laon depuis le 19 avril, Jonathan Maréchal nie en bloc tous les faits qui lui sont reprochés et reste élusif, embarrassant même jusqu'à ses avocats. Si elles lui ont fait échapper une larme discrète, les injonctions de sa mère ce 21 avril ne l'ont pas rendu plus bavard.
La personnalité complexe de l'accusé, "marginal" de 29 ans, était au cœur de ce quatrième jour d'audience ce 22 avril. Après sa mère, plusieurs proches ont défilé à la barre pour tenter de définir Jonathan Maréchal. "Lorsque j'ai appris qu'on avait arrêté quelqu'un pour cette affaire, j'ai aussitôt pensé à Jonathan," confie sa sœur à la barre, qui lui implore aussi de "s'expliquer et de dire la vérité". Comme son demi-frère entendu deux jours auparavant, elle dit n'avoir aucun doute sur la culpabilité de l'accusé.
Un silence assommant
Placée, elle a pris ses distances avec son frère qu'elle ne côtoit plus. Elle est revenue sur le lourd contexte familial dans lequel elle et lui ont grandi. Selon elle, son frère était quelqu'un de protecteur et attentionné, avant de "changer ces dernières années", dit-elle. "Ça se voyait qu'il allait mal. (...) comment ne peut-on pas exprimer d'émotion face à ce qu'a subi cet enfant ?"demande-t-elle à la personne dans le box.
C'est une tombe, il ne parlera pas.
"Votre sœur est sensible et vous êtes une tombe, comment l'expliquez-vous?" tente l'avocat de la défense, Me Bouchaillou. "Ça se dit proche, et puis ça vous entasse, ça raconte des mensonges," rétorque Jonathan Maréchal. "Vous voyez que vous pouvez parler. Alors pourquoi ce silence ?" lui demande son conseil, l'un des seuls à pouvoir lui extraire quelques mots de la bouche. Ce silence n'est pas dû à une quelconque pathologie psychiatrique, s'accordent à dire les experts auditionnés ensuite.
L'antichambre de la maladie
Fils d'un homme souffrant de troubles schyzophrènes, Jonathan Maréchal a fait un séjour en hôpital psychiatrique en 2007 pour des "bouffées délirantes aiguës". Il a arrêté son suivi et son traitement en 2010 et aucun problème n'a été signalé jusqu'au moment des faits, en 2018. La mort violente du petit Tom n'est cependant pas en lien direct avec son ancienne pathologie, estiment les médecins. Ils jugent l'accusé en pleine possession de ses moyens au moment des faits.
Sans le déclarer malade, les experts nuancent en le plaçant dans l'"antichambre" de la maladie. Ils parlent d'une personnalité borderline qui serait "un terrain propice" aux troubles psychiques, car son esprit est fragilisé par le contexte familial de son enfance et sa sexualité complexe. "Il réalise un aménagement pervers : à défaut d'avoir une situation de famille - être marié, avoir des enfants - il va défendre son narcisisime violemment avec son phallus, ce qui peut expliquer un viol," résume l'un d'eux.
La plaidoirie de Me Paul-Henri Delarue a débuté en milieu d'après-midi. Elle sera suivie des réquisitions du ministère public, représenté par l'avocat général Guillaume Donnadieu, puis par les plaidoiries de Me Bouchaillou et Me Ecombat, conseils de Jonathan Maréchal. Le jeune Axonais sera fixé sur son sort vendredi, probablement en fin de journée.