Le nom de Paul Landowski ne vous dit peut-être rien, mais vous connaissez sans doute l'une de ses œuvres, "Le Christ Rédempteur", l'imposante statue qui domine la baie de Rio au Brésil. Le sculpteur avait aussi érigé un monument intitulé "Les fantômes", à Oulchy-le-Château (Aisne). En sa mémoire, la commune a décidé de rebaptiser le groupe scolaire à son nom, le 22 juin 2024.
À Oulchy-le-Château, le devoir de mémoire est un sujet primordial. Les fantômes veillent sur la Butte Chalmont. Ce splendide monument aux morts a été érigé en 1935 en l'honneur des soldats tombés lors de la deuxième bataille de la Marne pendant la Grande Guerre.
Classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, il fait la fierté de cette commune d'un peu plus de 800 âmes. Désormais, le groupe scolaire porte le nom de son créateur, Paul Landowski, le sculpteur également derrière le majestueux Christ Rédempteur de Rio de Janeiro.
L'inauguration a eu lieu ce samedi 22 juin 2024 en présence des élèves, de leurs parents, des enseignants et du petit-fils du sculpteur en personne.
"L'idée vient des élèves et de la direction"
Jean-Pierre Brioux, maire depuis 2001, note que l'idée de donner ce nom à l'école vient des élèves et de la direction de l'établissement. "À un moment donné, ils ont voulu faire une année sur l'art et ils sont arrivés à faire de petites statues en plâtre. L'idée leur est venue une fois l'année terminée, en concordance avec le travail qu'ils avaient effectué", raconte-t-il.
Cette décision permettra de mettre la lumière sur Oulchy-le-Château et la région : "Ça nous fait plaisir, ça va attirer du monde".
C’est une fierté pour nous. C'est un homme qui est connu internationalement et ça fait connaitre l’homme et l’école.
Jean-Pierre Brioux, maire d'Oulchy-le-Château
Mais au-delà de la reconnaissance, c'est le devoir de mémoire qui motive la commune. "On en a besoin. Je crois aussi que l'histoire et la mémoire se perdent un petit peu, je le vois. Au monument aux morts, il n'y a plus beaucoup de personnes qui viennent. Là, ça relance un petit peu la mémoire", aussi bien pour les générations actuelles que futures.
"C'est une sculpture assez spéciale"
À l'occasion de ce baptême, Marc Landowski, petit-fils de Paul qu'il a très bien connu, a fait spécialement le déplacement. Il décrit une "sculpture assez spéciale" qui s'inscrit dans les œuvres des années 1930 de son grand-père. "C'est très équarri, très simple, pas du tout avec des formes très émotives et très contrastées, très lyriques".
Son grand-père "n'était pas croyant". En revanche, "il était très empreint de spiritualité qu'il n'exprimait que dans les œuvres qu'il sculptait, qu'il façonnait". Ce monument, par sa simplicité, "transmet très bien cette transcendance qui, pour lui, devait habiter le créateur et le sculpteur".
En venant sur la Butte Chalmont, Marc est frappé par le silence et ces "personnages droits". Paul Landowski a cassé les codes "parce que les monuments aux morts sont généralement des femmes éplorées ou des soldats gisants avec un fusil braqué en l'air, qui expriment la souffrance". Ici, au contraire, "on a une espèce de noblesse face au paysage depuis cette colline, qui regarde au loin". Il n'y a pas de "gesticulation, rien, c'est le matériau lui-même et la simplicité de la forme" qui s'expriment, "c'est ça qui est très émouvant".
Le mémorial des Fantômes est accessible toute l'année, en entrée libre, un espace dédié au recueillement et à la mémoire de toutes les victimes de la Grande Guerre.
Avec Paul Thiry / FTV