INSOLITE. Un camping éphémère au pied des terrils, une première dans le Bassin minier

Camper au pied des terrils n'a jamais été autorisé... Jusqu'à ce 22 juin 2024. Pour la première fois, un camping éphémère a éclos devant le site classé des terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle, avant de fermer ses portes ce dimanche. Une expérience entre mise au vert et découverte du patrimoine qui a réuni 70 personnes venues d'ici et d'ailleurs, le temps d'un week-end.

C'est une première pour les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle... Et peut-être même pour l'ensemble du Bassin minier, de Béthune à Valenciennes en passant par Lens ou Liévin. Depuis 14 heures ce samedi 22 juin 2024, les terrils 74 et 74A de Loos sont officiellement devenus les premiers du Nord-Pas-de-Calais à accueillir des campeurs, en toute légalité.

Car beaucoup de ces emblématiques monticules de terre ont déjà été investis par des groupes venus pratiquer le camping sauvage. Mais en France, cette pratique est généralement interdite et passible de lourdes sanctions. Encore plus lorsque les campeurs plantent leur tente sur des espaces classés et protégés au patrimoine mondial de l'UNESCO, auquel figurent notamment 78 terrils du Bassin minier.

Alors forcément, la perspective de passer une nuit au pied du terril le plus célèbre des Hauts-de-France, sans risquer les remontrances, attise la curiosité des habitants du coin et d'ailleurs.

70 participants pour cette première

"On a ouvert les places le 15 mai et en une semaine, tout est parti." Tino Cioffi a encore du mal à y croire. Ce chargé de développement auprès de Lens Tourisme, office de tourisme qui a co-créé le camping éphémère, se doutait que l'originalité de l'expérience attirerait du monde. "On est surpris sans être surpris", rit-il, fier de pouvoir accueillir 70 participants au cours du week-end, qui pourront poser leur campement sur l'un des 20 emplacements prévus par l'office de tourisme.

On a ouvert les places le 15 mai et en une semaine tout est parti... On est surpris sans être surpris.

Tino Cioffi, chargé de développement à Lens Tourisme

Au sein de ce gros groupe, Tino note que beaucoup de familles se sont passé le mot et que la population présente dépasse même les frontières régionales : "La plupart sont des habitants de Lens-Liévin, mais on a aussi des participants qui viennent du Dunkerquois, du Lillois voire de Normandie."

Le patrimoine minier du Nord appelle toujours des curieux. Associer l'histoire de la base du 11/19 à un moment inédit participe donc à transmettre son lourd passé au public... Mais également à découvrir son présent et le vivant qui occupe maintenant les lieux.

Immersion dans l'écosystème de nuit

En plus de se réveiller pratiquement sous les jupes des terrils et de profiter d'une vue matinale imprenable, les campeurs ont également pu participer à plusieurs activités, pour découvrir la faune et la flore qu'abritent les terrils. Un écosystème riche et propre à ce milieu aux propriétés inédites, liées à son sol toujours en combustion.

Le groupe a eu l'occasion de découvrir la faune et la flore des terrils lors d'une randonnée nocturne, accessible à toutes et tous : "Pour les plus connaisseurs, on essaie de donner des informations supplémentaires et de répondre aux questions, tout en donnant une initiation à celles et ceux qui n'y connaissent rien", précise Tino Cioffi.

Au-delà de l'aspect pédagogique, le but de ce projet - initié par l'État - était de faire découvrir autrement les cinq grands sites miniers protégés par l'UNESCO dans les Hauts-de-France. Parmi eux : le Centre historique minier de Lewarde, le site du 9-9bis à Oignies, le site de Wallers-Arenberg, la Cité des électriciens de Bruay-la-Buissière et évidemment, le site du 11-19 à Loos-en-Gohelle.

Pas de feu de camp

Même si la communauté d'agglomération a fourni les autorisations nécessaires, plusieurs consignes de sécurité étaient à respecter tout au long du séjour, pour protéger le site classé.

"On a délimité une zone d'implantation pour les emplacements, histoire d'éviter le piétinement et la destruction de plantes sensibles. Et puis l'encadrement est très renforcé, nos équipes devaient être présentes en permanence dans le camping pour s'assurer que tout se passe bien", relate l'animateur de l'évènement.

Ce sont les mêmes règles que lors d'une randonnée en site classé, alors aucune flamme n'est autorisée.

Tino Cioffi

Au grand dam de certains, les campeurs n'ont malheureusement pas pu faire de feu de bois. "Ce sont les mêmes règles que lors d'une randonnée en site classé, alors aucune flamme n'est autorisée", pour éviter d'autant plus qu'un incendie ne se déclare dans cet espace très sensible. Pas de chamallow donc, pour les aventuriers (qui avaient tout de même un certain confort avec un bloc sanitaire installé sur le site et une cheffe restauratrice engagée pour les repas du soir). "À la place, les enfants ont eu un karaoké", fait tout de même savoir Tino en riant, lui-même un peu déçu.

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