Une semaine après l'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen, Yann Rojo, le maire de Bohains-en-Vermandois dans l'Aisne envisage de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui.
« Sur le coup, on n'a pas pensé à Rouen. On pensait plutôt que c'était des traces de suie d'un feu de bois ou autre. Mais en y regardant de plus près, on a vu que c'était huileux. Et on a fait le rapprochement avec l'incendie de Lubrizol ».Le soir même de l'incendie de l'usine de lubrifiants rouennaise, un entrepreneur appelle Yann Rojo, le maire (DG) de Bohain-en-Vermandois dans l'Aisne. Sur l'un des ses chantiers situé dans la commune, la structure métallique blanche en cours de montage présente d'importantes traces noires sur un côté.
Des prélèvements faits par les services du SDIS 02
Petit à petit, de plus en plus de signalements lui sont faits par des habitants. « J'ai reçu des photos de dépôts de suie, raconte l'élu. Vu le nombre, j'ai alerté les services préfectoraux. J'ai été averti qu'un arrêté préfectoral avait été pris dimanche soir. J'avais demandé à ce que ma ville soit dans la liste des communes concernées par les restrictions sanitaires ».
L'idée de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui a fait son chemin. Yann Rojo a réclamé que des prélèvements soient faits à Bohain-en-Vermandois. « J'ai voulu qu'ils soient faits sur les structures métalliques des bâtiments des services techniques de la ville. Parce que cet endroit ne risquait pas d'être pollué par d'autres sources par la suite », précise le maire. Les pompiers les ont effectués dans la nuit de mardi à mercredi.
Catastrophe technologique
Les résultats des analyses devraient être connus d'ici la fin de cette semaine : « s'ils ne sont pas inquiétants, il n'y aura pas de raison de porter plainte », explique Yann Rojo. « Mais s'ils le sont, je porterai plainte, au cas où on se retrouve face à des problématiques de santé dans les mois à venir ».
Il compte également demander la reconnaissance de catastrophe technologique pour sa commune.
En attendant, Yann Rojo informe ses administrés de toutes les précautions à prendre et rassure ceux qui lui font part de leurs inquiétudes sur sa page Facebook et sur celle de la ville.
« Je ne veux pas tomber dans la psychose, mais je suis l'affaire de près », conclut-il.
A ce jour, le parquet de Rouen, qui s'est dessaisi de l'enquête au profit du pôle de santé publique de Paris, a annoncé avoir recensé « plus d'une quarantaine de plaintes » à la suite de l'incendie.