Aid’Aisne, des aides à domicile au plus proche des besoins : "Parfois, on est leur seule visite de la journée. Ils ont du mal à nous laisser partir"

L’association Aid’Aisne, créé en 1987, a su évoluer avec son temps et à contre-courant des autres structures. Ses aides à domicile proposent les mêmes services, avec quelques petits plus. Nous avons suivi Laëtitia lors de ses visites. Pour elle, la relation est au cœur de ses missions.

Nous accompagnons Laëtitia dans sa première mission de la journée. Elle se rend chez Isabelle, à Saint-Quentin. Ce matin, c’est atelier cuisine. Les deux femmes, préparent une soupe et une ratatouille. Des repas qui permettront à Isabelle de faire des réserves pour la semaine.

Un soutien précieux

Atteinte d’une sclérose en plaques et de surdité depuis ses 18 ans, à la suite d’un accident domestique, elle est handicapée et ne se déplace qu’en chaise roulante. Cette femme de 67 ans, reçoit quotidiennement la visite d’aides à domicile.

Le comportement des personnes qui nous entourent fait que nous acceptons notre handicap

Isabelle, bénéficiaire de Aid'Aisne

Le matin, pour l’aide au lever et la toilette, l’après-midi, pour l’accompagnement aux tâches et le soir pour le coucher. "C’est très décontracté. On parle de tout, il n’y a pas de sujets tabous. C’est important parce que le comportement des personnes qui nous entourent fait que nous acceptons notre handicap", explique Isabelle.

Armées de leurs couteaux et épluche-légumes, elles coupent, tranchent et remplissent une grande cocotte. Un temps précieux qui permet d’échanger sur de nombreux sujets. En dehors de l’accompagnement indispensable, Laëtitia profite de ses visites pour construire une relation avec ses bénéficiaires.

Les gens se sentent seuls. Parfois, on est leur seule visite de la journée. Ils ont du mal à nous laisser partir.

Laëtitia, aide à domicile à Aid'Aisne

Aide à domicile depuis 20 ans, elle travaillait en maison de retraite et en foyer de vie pour jeunes adultes et a rejoint l’association Aid’Aisne il y a cinq ans. "Le travail est différent. On a plus de relationnel avec les gens, on comprend mieux leur façon de vivre. Je fais le même travail, mais c’est différent tous les jours. J’aide aux courses, je propose des promenades en ville. On fait tout ce dont les bénéficiaires ont besoin", détaille l’aide à domicile. "Les gens se sentent seuls. Parfois, on est leur seule visite de la journée. Ils ont du mal à nous laisser partir", ajoute Laëtitia, consciente de l'importance de son rôle.

Immobilisée dans sa chaise roulante, Isabelle participe aux tâches comme elle peut pour accompagner son aide à domicile. "Je ne peux pas me coucher et me lever seule. Il y a plein de choses que je ne peux pas faire, mais c’est important pour moi de partager. Je coupe les légumes, je fais la vaisselle, par exemple. Et surtout, je dis toujours "Merci". Je sais que ce n’est pas toujours facile pour elles. Elles travaillent tous les jours avec des handicapés. Elles commencent à 8 heures du matin et terminent souvent après 20 heures. C’est un métier très difficile", souligne Isabelle, ancienne aide-soignante à l’hôpital.

Du sens au travail par l'autonomie

L’association Aid’Aisne, créée en 1987, emploie 370 salariés dont 330 à domicile qui couvrent les secteurs de Saint-Quentin, Chauny, Tergnier, La Fère et Soissons. Dans cette structure, les aides à domicile sont autonomes et proposent des activités adaptées à leurs clients : des personnes âgées, handicapées ou malades, des aidants. Leurs activités varient en fonction des besoins et des demandes.

Nous suivons Laëtitia, qui a rendez-vous au domicile de Laëtitia et Jérôme, un couple qui vit en toute autonomie dans leur appartement adapté. Ils sont tous les deux en chaise roulante mais parviennent tout de même à effectuer, seuls, les tâches quotidiennes. "Ils font tout, tout seuls. Ils font leurs courses, leurs repas, ils gèrent leur budget. Nous, on est juste leur bras droit", sourit Laëtitia, qui prend tout de même ce travail à cœur. Elle a apporté sa boîte magique, remplie de crèmes et de lotions. "Aujourd’hui, on fait un gommage ou un massage des mains ?", lance-t-elle à sa patiente. Celle-ci a des engourdissements et des douleurs aux mains. L’aide à domicile a tout prévu pour la soulager. "Ça me détend et grâce à ces massages, j’ai moins mal. Ces visites me font du bien", assure Laëtitia, la bénéficiaire. Jérôme, son conjoint, aura droit, lui aussi, au remède.

La structure est attachée à l’autonomie et à la responsabilité des aides à domicile. Elles peuvent prendre toutes les initiatives qu’elles souhaitent.

Dominique Villa, directeur général de Aid’Aisne

Une fois par semaine, le petit groupe d’aides à domicile de Aid’Aisne à Saint-Quentin se réunit pour échanger sur leur expérience, l’organisation des tournées et s’entraider, si besoin. "C’est un temps de convivialité et de partage sur la qualité du service. Ces réunions sont très productives, car elles permettent de faire monter la qualité du service rendu", explique Dominique Villa, directeur général de Aid’Aisne, qui décrit un fonctionnement horizontal de l’association. "La structure est attachée à l’autonomie et à la responsabilité des aides à domicile. Elles peuvent prendre toutes les initiatives qu’elles souhaitent. Et nous avons un projet Montessori pour amener un niveau de réponse spécifique aux besoins des bénéficiaires et non pas à ses déficits. Les aides à domicile pourront imaginer et créer avec eux une vraie réponse d’accompagnement. Ça peut être aller à la mer ou jardiner, par exemple. Et on donnera plus de sens au travail de nos salariés."

L’association a doublé ses effectifs en quatre ans et prévoit d’embaucher 50 personnes l’année prochaine.  

 

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