Un courrier signé Auguste Rodin, écrit en mai 1892, a été mise en vente aux enchères à Fontainebleau en Seine-et-Marne vendredi 11 décembre. Dans cette lettre au Courrier de l'Aisne, vendue 6 000 euros au musée Rodin, l'illustre scupteur souligne les qualités de son élève Camille Claudel.
C'est une feuille jaunie, noircie par une écriture ronde à la plume. Estimée entre 4 000 et 5 000 euros, une lettre écrite par le scupteur Auguste Rodin en 1892 a été mise en vente vendredi 11 décembre à l'hôtel des ventes Osenat à Fontainebleau (Seine-et-Marne). C'est finalement le musée Rodin qui en a fait l'acquisition pour 6 000 euros.
Dans cette missive, adressée au Courrier de l'Aisne le 19 mai 1892, le célèbre artiste propose au journal de s'intéresser à son élève, originaire du département.
"Permettez-moi de vous signaler mon élève Mademoiselle Camille Claudel, qui est du département et qui a un grand succès en ce moment (...) Les journaux de Paris lui ont créé une réputation," justifie-t-il, énumérant les dernières réalisations de sa collaboratice axonaise et son récent succès au salon du Champ-de-Mars. Je serai personnellement flatté (...) que vous vouliez bien enregistrer dans votre Courrier de l’Aisne le nom déjà très connu de Mlle Camille Claudel," poursuit -il.
La sculpteuse de l'Aisne
Camille Claudel est en effet née à Fère-en-Tardenois et a grandi, avec son frère Paul Claudel, dans le village de Villeneuve-sur-Fère où elle a débuté la sculpture. Après avoir rencontré Rodin en 1882 à Paris à 18 ans, elle commence à travailler avec lui au dépôt des marbres de l'État, au n°182 rue de l'Université à Paris, adresse mentionnée à la fin du courrier.
L'année 1892 marque la fin de leur relation amoureuse, qui a duré une dizaine d'années. Le destin de Camille Claudel est connu pour être tragique. La carrière de l'Axonaise a été prématurément stoppée par ses problèmes mentaux au tout début du XXe siècle. Internée, elle s'est éteinte en 1943 dans le dénuement le plus total.
Le contenu de la lettre
Vous avez bien voulu me citer dans les sculpteurs que vous avez remarqués au Champ-de-Mars. Permettez-moi de vous signaler mon élève Melle Camille Claudel, qui est du département et qui a un grand succès en ce moment avec mon buste placé à une place d’honneur du Salon [du Champ-de-Mars]. [Le peintre Léon] Lhermitte, un artiste émérite du département, vient de lui commander aussi un buste. Mon élève avait déjà fait le buste d’un de ses enfants [le photographe Charles Lhermitte]. Les journaux de Paris lui ont créé une réputation. Je serai personnellement flatté que vous vouliez bien tenir compte de son talent, et que vous vouliez bien enregistrer dans votre Courrier de l’Aisne le nom déjà très connu de Mlle Camille Claudel. L’Art français, dans son n° consacré au Champ-de-Mars, en a donné une grande photographie.