Ils avaient cessé le travail le 28 août dernier pour réclamer une hausse de salaire. Une grève de trois semaines qui leur a coûté leur emploi. Cinq salariés sont concernés. Plus d’un mois après, ils reviennent sur les évènements.
Une dizaine de magasiniers ont manifesté devant leur usine Stappert à Soissons durant trois semaines, organisant des barrages filtrants. Lors de notre reportage, les salariés concernés nous expliquaient qu’ils réclamaient une augmentation de 150 euros net sur leur salaire. Selon eux, un salaire de 1420 euros par mois pour 35 heures ne leur permettait pas de payer leurs factures, pour un travail pénible. L’usine stocke tubes et raccords en inox dans ses entrepôts avant de les répartir sur toute la France.
"La direction s’est servie de nous pour faire taire les autres."
Maxime Gurhem, délégué du personnel chez Stappert, mis à pied
Après trois semaines de grève, le 18 septembre, les salariés ont repris le travail à la demande de la direction qui acceptait alors de négocier. Cinq salariés ont été convoqués dans la matinée et ont reçu une lettre de mise à pied et une autre, préalable à leur licenciement. Une manipulation de la direction, selon les salariés. "On a levé la grève pour pouvoir négocier avec la direction. C’était sa condition pour nous parler. Mais ce rendez-vous était en fait une convocation pour une mise à pied. Elle s’est foutue de nous. Elle a juste voulu se débarrasser des meneurs. On était 11 grévistes. Seuls cinq ont été sélectionnés pour le licenciement et quatre pour fautes lourdes. Les grandes gueules. La direction s’est servie de nous pour faire taire les autres", explique Maxime Gurhem, délégué du personnel chez Stappert.
Une grève pour demander une augmentation qui se termine par des licenciements. "Une exagération", selon Quentin Pereira, salarié gréviste licencié. "Comment peut-on se faire virer pour une grève ? En commençant la grève, je n’ai jamais imaginé une seconde qu’on en arriverait là, à devoir m’expliquer sur des choses que je n’ai pas fait."
"On a contesté nos licenciements au Tribunal des Prud’hommes et on demande notre réintégration"
Salarié licencié de Stappert
En effet, après la grève, la direction de Stappert a porté l’affaire en référé devant le tribunal, aux motifs, notamment, que l’action des grévistes avait perturbé le fonctionnement de l’entreprise pendant les blocages et dégradé l’image de Stappert. La justice a estimé qu’il n’y avait pas eu d’entrave. "Le tribunal ne nous a condamnés à aucune amende, aucune sanction. On voulait juste une petite augmentation. On avait un CDI, des projets pour l’avenir. Et maintenant, nous n’avons plus de salaire depuis le 28 août, début de la grève. On a contesté nos licenciements au conseil des prud’hommes et on demande notre réintégration", explique un autre salarié, licencié pour faute lourde.
Le Syndicat CGT, qui soutient et accompagne ces salariés licenciés, nous explique avoir constaté des dysfonctionnements dans l’entreprise. "Les conditions de travail ne sont pas conformes et ils n’étaient pas payés au SMIC. Certains sont payés 11,42 euros alors que le smic est à 11,52 euros. On va porter l’affaire avec eux devant le Tribunal", annonce Sarah Van Treeck, secrétaire de l'union locale CGT de Soissons.
L’affaire pourrait durer plus d’un an avant d’être jugée. En attendant, les salariés licenciés recherchent un emploi. Une cagnotte a été mise en place pour les aider.
De son côté, la direction ne souhaite pas faire de commentaire.
Avec Rémi Vivenot / FTV