"Un œil malade, je sais qu'on ne l'accepte jamais à 100 %" : rencontre avec un oculariste, créateur de prothèses pour les yeux

Cyrille Ey, prothésiste oculaire à Soissons et à Saint-Quentin (Aisne), prend en charge des patients ayant perdu un ou deux yeux. Cette perte est souvent difficile à accepter et les prothèses peuvent aider à retrouver confiance. C'est tout le travail de cet oculariste.

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Ils seraient les fenêtres de l'âme. Les yeux transmettent les émotions, définissent les personnalités. Mais un accident suffit pour en perdre un, ou les deux. Les prothèses sont construites par des ocularistes, pour redonner aux patients confiance en eux et les rendre maîtres de leur apparence. 

Plus de 50 ans à vivre avec une lentille de contact en guise de cache-misère. Patrick Dufour a perdu l'usage de son œil gauche en 1967 à l'armée. Aucune prothèse ne lui avait été proposée jusqu'à lors. Une estime de soi détruite par une mutilation.

"Pour moi, j'étais quand même défiguré, confie Patrick. J'étais gêné. Quand je regardais quelqu'un, je ne le regardais jamais dans les yeux. Je regardais son nez parce que, c'est vrai que c'était gênant d'avoir un œil opaque.

Redonner vie à un regard

Sa rencontre avec Cyrille Ey a changé sa vie. Oculariste depuis 14 ans, ce dernier fabrique des prothèses pour recréer un œil aussi vrai que nature. Un travail minutieux d'artisanat, de l'écoute et de l'empathie pour redonner confiance à ses patients.

"Quand vous parlez à quelqu'un, tout passe par le regard, constate Cyrille. Après, comme Patrick, les gens vont quand même un peu mieux psychologiquement. Même s'ils disent qu'ils ont accepté de vivre avec un œil malade, moi à force de parler avec les patients, je sais qu'on ne l'accepte jamais à 100 %."

Un métier rare, que Cyrille exerce dans tout le Grand-Est et deux fois par mois à Soissons et à Saint-Quentin. Chaque prothèse est unique et s'adapte à la morphologie de chacun. Quand on fait une empreinte, c'est du sur-mesure.

Un métier empli d'émotion

Cyrille Ey est confronté à tout type de cas. Certains, le touchent particulièrement : "je pense toujours aux patients. Les histoires, quelques fois, me remettent un peu en place aussi. Celle qui m'a le plus marqué, je pense que c'était une femme enceinte qui sait que sa fille sera atteinte d'une micro-ophtalmie." À cause de cette malformation sévère de l'œil, la petite fille devra donc être appareillée dès le plus jeune âge.

Édité par Chloé Caron / FTV

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