Un loup aperçu en pleine attaque d'une biche dans la forêt de Saint-Gobain : "c'est pour l'instant un cas isolé"

En février dernier, un loup a été pris en photo dans la forêt de Saint-Gobain, dans l'Aisne, en train d'attaquer une biche. Plusieurs expertises ont permis de confirmer qu'il s'agissait bel et bien de l'animal. Il s'agit néanmoins d'un cas isolé.

Dimanche 19 février dernier, un photographe a eu la surprise de tomber sur un loup en pleine forêt de Saint-Gobain, dans l'Aisne. Il s'est alors empressé de capturer l'instant avec son appareil. Sur son cliché qui a fait le tour de la toile, on voit le prédateur s'attaquer à une biche. 

Suite "au signalement de l'attaque d'une biche", la procédure habituelle "relative à l'attaque par des prédateurs a été lancée", expliquent la préfecture de l'Aisne et l'Office national de la biodiversité. 

Généralement, le loup attaque les biches en groupe. Mais celui qui a été repéré dans la forêt de Saint-Gobain aurait peut-être profité du fait qu'en ce moment "les biches sont pleines et vont avoir des petits, donc elles se déplacent moins vite", suppose Philippe Caruette, naturaliste en baie de Somme qui ajoute "à voir comme ça, elle a l’air plus âgée, elle était peut-être aussi blessée ?".

Plusieurs critères pour identifier un loup

Une expertise menée par le réseau loup-lynx - présent sur tout le territoire - de l'OFB a permis de "procéder à un relevé d'éléments techniques" sur la base d'indices : crottes, pièges-photo, attaques ou encore interactions visuelles.

"Ces éléments confirment la responsabilité du loup dans l'attaque", poursuit la préfecture. Et même si cet événement est "pour l'instant un cas isolé", un dispositif renforcé "de suivi des indices de présence va être mis en place". 

Philippe Caruette ajoute d'autres critères pour reconnaître un loup : "la queue relativement courte, les zones claires autour de la mâchoire, les oreilles arrondies et bien dressées, la queue basse.

Le loup court après une proie et peut faire des kilomètres pour l’épuiser. Une biche qui attend des petits court moins vite et se retrouve plus vulnérable à la prédation.

Philippe Caruette, naturaliste en baie de Somme

"Une espèce protégée en France comme en Europe"

En France comme en Europe, le loup est une espèce protégée connue pour "sa grande capacité" à disperser. "Depuis le retour du loup en France dans les Alpes du Sud en 1992, l’espèce s’est installée dans les Alpes, où elle s’organise en meute". En tout, "on compte 900 loups en France d'origine italienne, sauf un dans les Vosges", souligne Philippe Caruette. 

Depuis les "zones historiques" où le loup est installé et se reproduit, "des phénomènes de dispersion sont observés principalement au printemps et à l'automne, lorsque les jeunes quittent la meute pour chercher un nouveau territoire où s'établir", note l'OFB. Toutefois, cette dispersion est décrite comme "imprévisible et erratique" car le loup peut aussi bien "parcourir de grandes distances" que "se fixer sur un territoire, puis en repartir". 

Au 17ᵉ et 18ᵉ siècle, le loup était abondant dans certains secteurs de l’Aisne comme le Soissonnais, mais pas énormément dans la forêt de Saint-Gobain. Il était aussi présent dans la Somme.

Philippe Caruette, naturaliste en baie de Somme

Cette dispersion s'explique aussi principalement par la recherche de partenaires "pour accéder à la reproduction", peut-on lire sur la page de l'OFB consacrée au loup.

Philippe Caruette complète en expliquant que "le loup quitte la meute en novembre ou en mars" car s’il veut se reproduire, "il ne peut pas le faire dans une meute de couple dominant donc il est obligé de partir pour trouver un nouveau territoire et un nouveau compagnon, ce qui est le plus dur". Il peut donc se retrouver à faire des centaines, voire des milliers de kilomètres. 

Pas de reproduction en dehors du massif alpin et de l'Occitanie

Pour la Préfecture et l'OFB, "la seule certitude est qu’il n’y a pas de reproduction en dehors du massif alpin et de l’Occitanie (2 reproductions en 2022) en France".

De ce fait, il n’est pas anormal d’observer "régulièrement, mais ponctuellement" des loups solitaires à distance du cœur de population alpin, comme dans l’Indre, l’Eure-et-Loir, la Somme ou l’Oise.

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