Concept 1900, le fabricant de carrousels rétro haut de gamme installé à Saint-Gobain (Aisne), a été placé en liquidation judiciaire le 17 novembre 2023. Les 39 salariés de l'entreprise espèrent qu'un repreneur se manifestera pour sauver les emplois et ce savoir-faire français unique.
"Les salariés ont un sentiment de gâchis et de tristesse", résume Mohamed El Kandoussi, représentant des employés de Concept 1900. Le 17 novembre 2023, le tribunal de commerce de Saint-Quentin a décidé de la liquidation judiciaire de cet historique fabricant de carrousels. Les 39 salariés de l'entreprise, implantée à Saint-Gobain (Aisne) depuis 1996, se retrouvent donc sans emploi.
"On espère que la plupart des salariés retrouveront un emploi par la suite si la société devait disparaître complètement. Mais en tout cas, c'est un sentiment de perte de savoir-faire régional et national", souligne Mohamed El Kandoussi lundi 20 novembre.
70% de la production destinée à l'exportation
Depuis plus de trente ans, l'entreprise faisait briller l'artisanat français dans l'hexagone et à l'international. Les carrousels de Concept 1900 tournent au Puy du Fou et à Disneyland Paris comme sur les places de Russie, de Chine, ou encore d'Arabie saoudite.
70% de sa production était ainsi destinée à l'exportation. Et chaque année, l'entreprise vendait une vingtaine de carrousels à travers le monde. Moulage, menuiserie, soudure, peinture, électricité… Dix ateliers différents permettaient de créer ces manèges haut de gamme, appréciés pour leur charme rétro, indémodable.
"J’en ai presque les larmes aux yeux parce que ce sont les seuls en France. On était porteurs du prestige. Le château de cartes s'écroule, c'est une grande déception", se désole Marcel Bawol, ancien peintre décorateur de Concept 1900, embauché comme sculpteur dans les années 1980.
En décembre 2020, France 3 Hauts-de-France avait rencontré les hommes et les femmes derrière ce savoir-faire unique.
Guerre en Russie et problèmes de gestion
Les salariés disent ne pas comprendre les raisons qui ont poussé à cette liquidation judiciaire. La direction de Concept 1900 n'a pas répondu à nos sollicitations. La crise sanitaire, la perte d'un marché avec la Russie en raison de la guerre en Ukraine, la flambée du coût des matières premières, et des problèmes de gestion auraient causé la perte de l’entreprise.
Pourtant, en décembre 2020, le directeur technique de l'entreprise semblait plutôt confiant. "Le marché du loisir, aussi bien en France, mais surtout à l'international, et notamment en Asie, est exponentiel. [...] Sur les prochaines années, on espère une croissance encore plus importante", confiait alors Benjamin Igras à France 3 Hauts-de-France.
La perte des contrats russes aurait provoqué une baisse du chiffre d'affaires de l'entreprise "de l'ordre de 30%", selon Philippe Legrain, président et fondateur de la manufacture, interrogé par France 3 Hauts-de-France en mars 2022.
Des salariés non payés depuis septembre
Le maire de Saint-Gobain a découvert la situation très récemment. Les collectivités n’ont pu intervenir pour tenter de sauver l'entreprise. "C’est d’abord, à mes yeux, grave pour les 39 salariés qui se retrouvent sur le carreau. Ce n'est pas acceptable. Pour la commune, c'est aussi important parce que cette entreprise donnait de la notoriété à notre commune. Et puis pour l'agglomération qui récolte les taxes, c'est aussi important", estime Frédéric Mathieu, maire divers gauche de Saint-Gobain.
Concept 1900 avait en fait été placée en procédure de sauvegarde depuis avril 2023. Et ne payait plus tous les salaires. Le personnel s'était ainsi mis en grève le 9 novembre dernier. Selon Mohamed El Kandoussi, en date du 20 novembre, "des salariés n'ont pas été payés de leur mois de septembre. Et concernant le mois d'octobre, personne n'a été payé".
Fin d'une époque ? Forts de leur expérience, les salariés espèrent pouvoir rebondir et retrouver rapidement un travail. Ils caressent aussi l’espoir d’une hypothétique reprise de l’activité. "Tout le monde espère ici qu'un repreneur se manifestera. On croise les doigts", appuie Mohamed El Kandoussi.
Avec Rémi Vivenot / FTV