La situation sanitaire a eu des conséquences sur la consommation de tabac en France. Une consommation en baisse jusque là. Focus sur la situation régionale avec Marie-Ange Testelin, directrice de l’association Hauts-de-France Addiction.
Quel a été l’impact de la crise sanitaire en 2020 sur la consommation de tabac dans les Hauts-de-France ?
À l’image de tout le pays, la consommation de tabac dans la région n’a eu de cesse de baisser jusqu’en 2019.
Le nombre de fumeurs occasionnels et réguliers est passé de 30,5 % de la population, à 33,8 % en 2020. C’est un peu plus que la moyenne française, mais les chiffres étaient aussi plus élevés : les Hauts-de-France sont la deuxième région la plus consommatrice de tabac. Parmi ces fumeurs, selon les chiffres de Santé Publique France, 55% n’ont pas augmenté leur consommation, 27 %, oui, de 3 à 4 cigarettes par jour.
Quelles sont les catégories de population les plus affectées par cette hausse ?
Il y a d’abord les jeunes au parcours d’insertion professionnelle compliqué. Et dans la région, quand les jeunes fument ici, il fument beaucoup plus que la moyenne nationale, notamment à 17 ans. Puis, les femmes de plus de 45 ans qui n’arrivent pas à décrocher, les fumeurs qui ont de faibles revenus et ceux qui appartiennent aux catégories sociaux professionnels les plus modestes. Plus de trois adultes sur 10 consomme du tabac aujourd’hui. Et 25 % de façon régulière, en moyenne, 10 cigarettes par jour, tous les jours.
Comment expliquer cette augmentation ?
La crise sanitaire est venue perturber nos vies. Or le consommateur de tabac a rencontré avec la cigarette un produit qui lui procure du plaisir grâce à la nicotine qui libère de la dopamine. Certaines personnes au chômage partiel, d’autres qui avaient peur de se projeter, qui étaient stressé n’ont pas pu s’en passé. Cette situation a aussi contribué à différer les projets d’arrêter de fumer.
Dans notre région frontalière, pendant les périodes de confinement, on a vu une augmentation de la substitution nicotinique (patches...), mais pas de nature exponentielle.
Quelle est la situation aujourd’hui ?
Pour arrêter de fumer, il faut être motivé, bien dans sa peau. L’arrêt du tabac n’est pas un sprint, c’est une course de fond. Avec la vaccination, la crise sanitaire qui commence à être derrière nous, les projets d’arrêter la cigarette augmentent à nouveau. L’offre d’arrêt du tabac pendant le confinement était toujours présente, mais les fumeurs n’y allaient pas. L’État n’est pas revenu sur sa stratégie d’augmentation du prix du tabac, il y a eu augmentation des prix, le 1er novembre 2020. Je suis optimiste, la courbe à la baisse du nombre de fumeurs va reprendre rapidement.