Le site d'Ascoval ne semble pas intéresser les acquéreurs, mais le climat ne fait rien pour rassurer les salariés, qui reprennent la production ce lundi.
C'est un épisode de plus dans la saga Ascoval : l'annonce d'un futur rachat de British Steel par Oyak, fonds de pension de l'armée turque (qui détient 49% de la première aciérie turque), inquiète les salariés du site de Saint-Saulve quand bien même ces derniers ne sont pas directement concernés.
Car Ascoval appartient à la holding Olympus du fonds Greybull, qui était la maison mère de British Steel. C'est la raison pour laquelle le plan de reprise d'Ascoval Saint-Saulve n'est a priori pas affecté par la faillite du sidérurgiste britannique.
Mais sur le terrain, alors que les salariés ont repris ce matin, 6 heures, le moral est au plus bas. "Ce n'est pas de bonne augure pour nous" indique le porte-parole de l'union syndicale chez Ascoval, Bruno Kopczynski.
L'usine a encore une à deux semaines de commandes devant elle, et les négociations doivent encore durer pendant deux mois. Et ensuite ? Le fonds Oyak se serait montré intéressé par l'usine Ascoval à Hayange (Moselle), mais nul ne sait quel sort sera réservé au site de Saint-Saulve, ni s'il saura faire face à la concurrence d'autres aciéries.
Des mois de calvaire
Les salariés d'Ascoval ont vécu une année très difficile, à tel point qu'une partie des salariés, de la main d'œuvre qualifiée, est déjà partie.En septembre 2018, Ascoval avait vu dans le groupe franco-belge Altifort, basé à Ham (Somme) un possible sauveur. Pendant des mois déjà, des négociations s'étaient faites avec l'État, la région et Vallourec, propriétaire du site. Jusqu'à s'accorder sur un plan de reprise n'impliquant pas ce dernier.
L'offre de reprise est bouclée par le tribunal de Strasbourg en décembre et Altifort prend les commandes de l'usine. Coup de théâtre le 21 février : le groupe Altifort n'a pas l'argent qu'il prétendait détenir. La reprise est annulée et c'est le retour à la case départ pour les salariés.
À nouveau, le gouvernement et la région Hauts-de-France se démènent pour trouver un nouveau repreneur et plusieurs offres se dégagent. C'est finalement le britannique British Steel qui est retenu fin avril. Et au moment où la reprise se fait, British Steel est déclaré en faillite, le 22 mai.
À l'époque, Bruno Kopczynski s'était montré ferme : si jamais le projet de British Steel était avorté, "il n'y aura pas d'autre reprise, On arrête les dégâts. On s'est fait taper dessus et on a assez joué aux montagnes russes avec nous."