Maintenant que le procès de la Tuerie du musée juif est terminé, c'est un autre gros procès qui attend la Belgique.
Trois ans après les attentats jihadistes du 22 mars 2016 à Bruxelles, la justice belge envisage l'organisation d'un procès-fleuve, avec un millier de personnes, qui pourrait se tenir en 2020 à l'ancien siège de l'Otan, une des hypothèses à l'étude.
En annonçant mardi les modalités d'accès au dossier pour les 600 parties civiles déjà recensées, le parquet fédéral belge a donné des précisions sur ses pistes de travail pour le procès.
Ces attentats suicide, revendiqués par le groupe Etat islamique (EI), avaient fait 32 morts et plus de 340 blessés à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem et dans une station de métro de la capitale européenne.
Une structure exceptionnelle recherchée
Outre ces victimes, des centaines d'autres personnes ont rapporté aux autorités avoir subi un préjudice à cause des attentats, ce qui explique le besoin d'une infrastructure exceptionnelle pour le procès."On cherche un endroit qui puisse accueillir un millier de personnes dans les meilleures conditions de sécurité et de confort pour une durée assez longue, de 6 à 9 mois", a déclaré à l'AFP Eric Van Duyse, porte-parole du parquet fédéral.
Selon lui, le procès pourrait être hébergé "dans une salle privée ou à l'ancien siège de l'Otan", abandonné par l'organisation en 2018 pour un nouveau bâtiment construit à proximité.
Même si les salles d'audience habituelles sont sous-dimensionnées, "une solution pourrait aussi être trouvée au sein du palais de justice" de Bruxelles, a toutefois ajouté le porte-parole.
Dans ce dossier terroriste aux 6.200 procès-verbaux réunis dans 140 cartons, "entre dix et douze" personnes sont susceptibles d'être renvoyées devant la cour d'assises, selon la justice belge.
Il s'agit de membres, à des degrés divers, de la cellule jihadiste franco-belge également à l'origine des attentats parisiens du 13 novembre 2015.
Mohamed Abrini et Osama Krayem, "l'homme au chapeau"
Dans l'enquête - qui "pourrait être clôturée en décembre, ouvrant la voie à un procès en 2020" selon une source judiciaire - Mohamed Abrini et Osama Krayem, arrêtés en avril 2016, comptent parmi les principaux suspects.Le premier a reconnu être "l'homme au chapeau" poussant une valise bourrée d'explosifs sur un chariot aux côtés des deux kamikazes de l'aéroport. Il l'a ensuite abandonnée et a fui.
Le second a été vu aux côtés du kamikaze du métro juste avant cette deuxième attaque. Il a également renoncé à se faire exploser
Parmi la dizaine d'inculpés figure aussi Sofiane Ayari, complice de la cavale de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos du 13 novembre 2015.
Mardi, le parquet fédéral a précisé que les "pièces essentielles du dossier" seraient disponibles en neuf langues pour les parties civiles, ce qui impliquera l'embauche d'environ 70 traducteurs: français, néerlandais, anglais, allemand, espagnol, italien, portugais, polonais et suédois.
Il s'agit, a-t-il souligné, des "langues les plus courantes parmi les victimes", qui sont notamment des touristes, des étudiants ou des salariés qui se rendaient ce matin-là au travail dans le quartier des institutions européennes.