Une commission chargée d'examiner tous les aspects de la colonisation du Congo, du Rwanda et du Burundi devrait voir le jour à partir de septembre. Le parlement belge s'est mis d'accord ce mercredi 17 juin.
Un accord de principe est intervenu ce mercredi 17 juin au Parlement belge sur la formation d'une commission chargée d'examiner tous les aspects de la colonisation du Congo, du Rwanda et du Burundi, au moment où ce passé resurgit sur fond de manifestations antiracistes.
Il devrait s'agir d'"une commission spéciale", uniquement constituée dans le but de réaliser ce travail de mémoire, vraisemblablement à partir de septembre, selon des sources parlementaires concordantes. La décision de sa mise en place reviendra à la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, chargée d'établir le cadre de travail et d'arrêter le choix des intervenants, a-t-on expliqué de mêmes source.
La mort de l'Afro-Américain George Floyd, étouffé fin mai sous le genou d'un policier aux Etats-Unis, a ravivé en Belgique les plaies du passé colonial. Conséquence principale: la figure du défunt roi Léopold II qui incarne pour beaucoup la brutalité de cette période a été prise pour cible.
Plusieurs statues représentant le souverain (qui régna de 1865 à 1909) ont été vandalisées ou déboulonnées de force à travers le pays, répondant au voeu des partisans d'une "décolonisation de l'espace public".
Ce vendredi 12 juin, le président de la Chambre, le libéral flamand Patrick Dewael, a estimé qu'il était temps que la Belgique fasse la lumière sur son passé colonial. Il a appelé de ses voeux la mise en place d'une "commission Vérité et réconciliation".
Het is tijd dat België in het reine komt met haar koloniale verleden. Het parlement is geschikte forum voor onderzoek en maatschappelijk debat hierover. Nu woensdag zal ik met de fracties bespreken hoe wij met experts kunnen komen tot een waarheidscommissie en verzoening.
— Patrick Dewael (@PatrickDewael) June 12, 2020
"Il est temps pour la Belgique de faire face à son passé colonial. Le Parlement est un forum approprié pour la recherche et le débat public sur ce sujet. Mercredi, je vais discuter avec les groupes de la manière dont nous pouvons parvenir à une commission de vérité et à une réconciliation avec les experts", explique-t-il dans ce tweet.
Une première commission d'enquête parlementaire avait eu lieu en 2000-2001
En 2000-2001, une commission d'enquête parlementaire s'était penchée sur le contexte de l'assassinat en janvier 1961 de Patrice Lumumba, éphémère Premier ministre du Congo devenu indépendant le 30 juin 1960. Elle avait conclu à la "responsabilité morale" de "certains ministres et autres acteurs" belges. Mais jusqu'à présent jamais le Parlement ne s'était saisi du passé colonial dans sa globalité.
Outre le Congo (l'actuelle République démocratique du Congo, ex-Zaïre), l'empire colonial belge comprenait également en Afrique le Ruanda-Urundi, territoire qui deviendra le Rwanda et le Burundi après son indépendance en 1962.
Une proposition de résolution déposée le 10 juin par le groupe Ecolo-Groen, appelant à "assumer ce passé en évoquant les abus commis", pourrait servir de base au travail de la future commission. Celle-ci devrait intégrer des historiens et experts des pays africains concernés, a dit le député Simon Moutquin (Ecolo).