Acteurs politiques et économiques des Hauts-de-France ont insisté lundi sur la nécessité de "jouer ensemble" dans la préparation du Brexit, pour "éviter le mur" et anticiper l'éventuel échec des négociations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE).
Londres et Bruxelles sont censés parvenir à un accord d'ici au sommet européen des 18 et 19 octobre pour organiser le retrait britannique de l'UE, mais les négociations patinent, suscitant des craintes d'une absence d'accord.La région Hauts-de-France, qui abrite notamment les ports de Dunkerque et Calais et le tunnel sous la Manche, est en première ligne. "Il a fallu du temps pour se rendre compte qu'un accord n'était pas garanti", a reconnu Xavier Bertrand, président de la Région, à l'issue d'un comité stratégique régional consacré au Brexit, organisé à Lille. "Pour éviter le mur, il faut un accord de sortie, une mobilisation totale de l'Etat et que tout le monde joue main dans la main à 200% (...) Si c'est les uns et les autres pour se faire de la concurrence, les grands gagnants seront les ports belges et les ports néerlandais. Il faut jouer ensemble".
Dans une récente note adressée à l'Etat, le préfet de région Michel Lalande a tiré la sonnette d'alarme sur les conséquences d'un "No deal". "Trois champs sont particulièrement concernés : les personnes, les biens et les produits phyto-sanitaires", a rappelé le préfet devant la presse. "Les conséquences sur l'organisation des contrôles, les moyens humains et les infrastructures sont telles que nous devons entrer dans une logique de planification".
Risque de bouchons à la frontière
"Nous devons mobiliser les entreprises pour qu'elles comprennent qu'elles seront assujetties à des formalités douanières demain lorsqu'elles traiteront avec le Royaume-Uni", a-t-il ajouté en insistant sur l'importance du besoin d'informer et de communiquer. Quelque 5.500 entreprises collaborent régulièrement avec le Royaume-Uni dans la région.
Autre enjeu majeur, le processus de contrôle aux frontières qui risque d'affecter la fluidité des transports. "Deux minutes de contrôle douanier par véhicule, c'est 27 kilomètres de bouchons du côté anglais à Douvres et du côté français à Calais par exemple", a expliqué M. Bertrand. Selon lui, un investissement massif dans la technologie numérique est nécessaire pour faciliter les formalités.
Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin avait de son côté confirmé mardi le renforcement des effectifs de douaniers dans les ports des Hauts-de-France. Selon Bercy, 700 douaniers supplémentaires vont être recrutés sur trois ans.