Après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne les tracés maritimes doivent être redéfinis. Le corridor "mer du Nord-Méditerranée" qui reliait l'Irlande aux ports de Calais et Dunkerque pourrait ainsi ne plus passer par la France. Une décision temporaire selon la commissaire aux Transports.
La Commission européenne a adopté une proposition de révision du corridor "mer du Nord-Méditerranée" suite au Brexit. Il s'agit de promouvoir des liaisons maritimes directes, évitant les futurs passages en douane à l'entrée et à la sortie du Royaume-Uni.
L'axe qui relie aujourd'hui l'Irlande aux ports français pourrait ainsi comprendre de nouvelles entrées en Europe : les ports belges de Zeebrugge et d'Anvers, ainsi que celui de Rotterdam aux Pays-Bas.
Les ports de Calais et Dunkerque sont donc susceptibles d'être supprimés du tracé de cette grande route maritime. Mais l'organisme européen a assuré dans une lettre adressée au gouvernement que sa proposition de nouvel itinéraire n'évitait pas les ports français.
"La proposition de la Commission a pour seul objectif d'assurer la continuité du corridor Mer du Nord - Méditerranée, entre l'Irlande et la partie continentale de l'Union", déclare la commissaire aux Transports Violeta Bulc dans une missive adressée à Elisabeth Borne, consultée lundi par l'AFP.
La ministre française des Transports avait écrit à Mme Bulc, s'étonnant de ne pas voir apparaître les ports français dans ce plan. Elle avait jugé la proposition "pas acceptable pour la France". Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, s'était également indigné de cette nouvelle proposition de tracé, la jugeant "scandaleuse".
Décision scandaleuse ! Le risque d’embouteillages en cas de contrôles douaniers post-#Brexit est le même pour la France, la Belgique et les Pays-Bas. Pourquoi discriminer nos ports ? La commission européenne doit revoir sa copie et le Gouvernement réagir ! https://t.co/2vkw8NrjXh
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) 6 août 2018
Le projet de nouvel itinéraire se "focalise sur les services maritimes existants, explique Mme Bulc dans son courrier, qui a également été adressé à Xavier Bertrand. Seuls les ports du réseau central faisant déjà partie de ce corridor pouvaient être considérés."
Une solution à court terme
Après une "analyse des flux de transport", la Commission a constaté que des services maritimes internationaux réguliers existent entre Dublin et Cork en Irlande, Rotterdam et Anvers, ainsi qu'entre Dublin et Zeebruges.
"En revanche, nous n'avons pas connaissance de services réguliers vers les ports français du corridor, à savoir Calais et Dunkerque", note la commissaire européenne. Les ports situés sur le réseau transeuropéen de transport sont susceptibles de bénéficier de fonds européens pour leur développement.
Notre proposition vise à maintenir la connectivité actuelle entre l'Irlande & l'Europe continentale après #Brexit. Elle ne change pas le statut des ports français ni leur accès aux financements UE. La Commission reste ouverte à des améliorations du #ParlementEuropéen & #ConseilUE pic.twitter.com/QRfIykDapO
— Violeta Bulc (@Bulc_EU) 20 août 2018
Selon Mme Bulc, la nouvelle proposition a "un périmètre limité et vise une solution à court terme", une solution d'urgence pour éviter que l'Irlande se trouve isolée économiquement. Elle ne remet pas en cause la définition du réseau transeuropéen de transport, souligne la commissaire.
Pour rassurer encore la France, cette dernière propose de rencontrer Elisabeth Borne en septembre. A plus long terme, la Commission souligne qu'à la suite du Brexit, qui "aura vraisemblablement des conséquences importantes sur les flux de transport entre l'Irlande, le Royaume-Uni et l'Europe continentale", "les ports français auront certainement un rôle clé à jouer".
De nouvelles discussions sont en effet attendues pour l'après 2020, notamment dans le cadre de la proposition pour le mécanisme pour l'interconnexion en Europe.