Le chèque-transport ou aide au transport mis en place par le Conseil régional des Hauts-de-France bientôt étendu à toute la France ? Oui, a répondu Emmanuel Macron, ce mardi matin. C'est quoi ? Qui en bénéficie ? Combien ça coûte ? On fait le point.
"Depuis mars 2016, la région Hauts-de-France a mis en place une aide au transport de 240€ par an pour ceux qui sont obligés de prendre leur voiture pour travailler. 43 000 aides ont déjà été versées. Une aide qui ferait du bien à tous les Français !", écrivait ce lundi Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France sur Twitter.
Depuis mars 2016, la Région @hautsdefrance a mis en place une aide au transport de 240€ par an pour ceux qui sont obligés de prendre leur voiture pour travailler. 43.000 aides ont déjà été versées. Une aide qui ferait du bien à tous les Français !
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) 5 novembre 2018
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Une façon de suggérer d'étendre la mesure à toute la France. Il a été entendu puisque c'est ce qu'a annoncé ce mardi matin Emmanuel Macron. Il a qualifié la mesure de "bonne philosophie".
« Bien sûr que nous sommes heureux de voir pillées nos idées. Cette annonce, nous la prenons simplement comme du bon sens. Enfin nous sommes écoutés », a réagi Franck Dhersin, vice-président chargé des transports à la Région
Aide au transport : comment en bénéficier ?
En théorie, les salariés des Hauts-de-France habitant à plus de 30 kilomètres de leur lieu de travail et sans autre choix que d'utiliser leur véhicule peuvent bénéficier de l'aide régionale au transport de 20 euros.
Mais pour bénéficier de cette aide, les salariés doivent toucher moins de 2.300 euros net par mois, vivre dans une commune qui ne dispose pas de transports publics ou avoir des "horaires décalés", explique Xavier Taquet.
Par ailleurs, les bénéficiaires doivent être salariés en contrat à durée indéterminée ou en contrat à durée déterminée d'au moins un mois.
"C'est pas énorme 20€ par mois, a expliqué Xavier Bertrand à Europe 1. Mais en attendant, 240 € à l'année, ça paye une partie des pleins et surtout, les gens se disent que, quand ils travaillent, ils sont parfois aidés. On n'est pas la région la plus riche de France mais j'estimais qu'il fallait du concret pour aider les gens qui bossent."
"Aide aux transports" : "Taxer le carburant c'est aussi taxer le travail", affirme @xavierbertrand, Président de la région @hautsdefrance. @MA2TBE2L #Europe1 pic.twitter.com/OUAre77uja
— Europe 1 (@Europe1) 5 novembre 2018
Aide au transport : combien de bénéficiaires ?
Cette initiative a été mise en place en mars 2016 et depuis, quelque "43 000 aides ont été versées", selon M. Taquet. 43 000 aides versées sur un peu plus de deux ans. Dans le détail : 11 578 personnes en 2016, 16 230 en 2017 et environ 14 000 pour 2018.
On compte, selon l'INSEE, 2 666 637 actifs occupés dans les Hauts-de-France (Source Recensement de la Population 2015). Parmi ceux-ci, 1 767 360 actifs se rendent au travail en voiture, camion ou fourgonnette soit une part de 78 %.
On sort la calculatrice. Résultat : environ 1% des salariés automobilistes des Hauts-de-France bénéficient de la mesure et touchent donc 20€ par mois.
Ce faible nombre s'explique par les critères restrictifs définis mais aussi par le fait que beaucoup de personnes éligibles ne pensent à demander l'aide" (ou ne la connaissent pas). Un site existe en ligne pour savoir si un automobiliste peut bénéficier ou non de l'aide.
Aide au Transport aux Particuliers (ATP2018)
Aider les salariés qui utilisent leur véhicule pour aller travailler par la prise en charge d'une partie des frais liés au trajet domicile-travail, Soutenir les personnes qui travaillent ou qui reprennent un travail et qui n'ont pas accès aux transports en commun.
Combien ça coûte ?
L'aide aux transports coûte à la Région environ 2,5 à 3,5 millions d'euros chaque année.
Et l'aide au transport nationale proposée par Macron, elle ressemblera à quoi ?
Emmanuel Macron souhaite-t-il que toutes les régions financent la même aide que les Hauts-de-France ? Ou l'Etat va-t-il la prendre en charge ? Comment ? A partir de quand ? De quel montant ? C'est le grand flou pour l'instant. On en reste à l'annonce.
On sait simplement que le Président de la République propose d'ores et déjà de défiscaliser cette aide. "Nous réclamons cette défiscalisation depuis mai 2016, on considère que ce n'est pas une aide au revenu mais une aide à la mobilité", explique Xavier Taquet, directeur de cabinet du président de la région Hauts-de-France.
Pour l'heure, l'aide est donc imposable: le montant perçu doit être ajouté par le contribuable à sa rémunération dans sa déclaration fiscale. Cela peut représenter jusqu'à 70€ d'impôts sur une somme totale de 240€.
Comment réagissent les opposants à Emmanuel Macron ?
Si Xavier Bertrand et ses proches ne cachent pas leur satisfaction de voir leur idée reprise, la plupart des partis critiquent la proposition du Président. Emmanuel Macron "est un pompier pyromane: il propose un allègement de taxes pour compenser une augmentation des taxes", a réagi la porte-parole des Républicains Laurence Sailliet. Il "fait l'aumône" de "quelques centimes", a critiqué Benoît Hamon, fondateur du mouvement Générations.
Pour Marine Le Pen, la proposition d'Emmanuel Macron est "assez gonflée". Il "transfère aux régions (...) le soin de compenser l'hyperfiscalité qu'il a décidée sur les carburants", a déclaré la présidente du Rassemblement national (ex-FN).
Donc face à la révolte née de l’hyper-fiscalité subie par nos compatriotes, Emmanuel Macron propose que l’aide aux transports dont bénéficient 10 000 personnes dans une région soit défiscalisée... C’est une plaisanterie ? MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 6 novembre 2018
Dans un communiqué, l'association des régions de France va dans le même sens estimant que c'est "à l'Etat de mettre en place les mesures d'aides ciblées face à la hausse du coût du carburant".