Retirer des espèces à la caisse d'un supermarché ? Cette pratique, déjà largement répandue en Europe, est possible depuis ce lundi. Dans les faits, il faudra encore attendre un peu que le système soit adopté.
Le cash-back, c'est quoi ?
C'est un système qui autorise les commerçants à fournir des espèces à leurs clients dans le cadre d'un achat par carte bancaire (dit "cash-back"). Il résulte de l'application d'une directive européenne ratifiée fin juillet par le parlement français, sur les services de paiement (DSP2).Ce système fonctionne déjà en Belgique ou en Allemagne.
Comment ça marche ?
Vous faites vos courses. Au moment de payer, vous sortez votre carte, réglez vos achats et demandez en plus du liquide. Presque comme si vous utilisiez un distributeur automatique. 50 euros de course + 50 euros de cash. Vous payez 100 euros. La caissière vous donne 50 euros en liquide.
Quel intérêt pour le consommateur ?
C'est un dépannage, un moyen d'éviter de faire un arrêt au distributeur en plus du temps passé à faire les courses. Selon une étude de la Banque centrale européenne publiée en novembre 2017, le nombre de retraits d'espèces auprès des commerçants de la zone euro ne représente guère plus de 7% du total des retraits, là où les opérations auprès des automates bancaires approchent les 40%.
Mais ce système intéresse toutefois les distributeurs "car il répond à un besoin des consommateurs" même s'il ne s'agit pas d'"attentes massives", affirme Philippe Joguet, chargé des questions financières à la FCD (Fédération du commerce et de la distribution), en rappelant que la France possède un "réseau très dense" de plus de 55 000 distributeurs automatiques de billets (DAB).
Dans les zones rurales, ce service peut représenter un "gain de temps pour le consommateur", à qui il évite de faire deux arrêts avec sa voiture, à fortiori pour ceux qui considèrent qu'un retrait d'argent au distributeur est "risqué", souligne-t-il.
Le "cash back" intéressera également des personnes "moins alertes avec les nouvelles technologies", renchérit Matthias Berahya-Lazarus, dirigeant du groupe Bonial, ainsi que les consommateurs aux revenus très modestes, clients des hypermarchés et qui préfèrent "contrôler leurs dépenses".
En fait, ce système illustre plutôt une "volonté d'aménagement du territoire qu'une volonté de revoir la filière des paiements en France", précise une source bancaire. "Ce sont les pouvoirs publics, plus que les banques, qui poussent pour la mise en oeuvre de ce service", renchérit Marin Delattre, consultant chez Sia Partners.
Où ?
Pour l'instant, seule l'enseigne Casino propose ce service. Elle précise être le "premier distributeur à proposer ce service en France", avec 150 supermarchés concernés à la fin du mois de septembre, avant un déploiement progressif à l'ensemble du parc.
"Les clients ayant besoin de retirer des petites sommes d'argent liquide (en billets de 10 et 50 euros) peuvent désormais le faire depuis les caisses automatiques lors de leur passage en caisse", explique le distributeur basé à Saint-Etienne.
Les autres enseignes ou magasins devraient peu à peu proposer ce service à leurs clients.
Un système à contre-courant ?
Le lancement du "cash-back" en France va plutôt à contre-courant du marché des paiements, lancé à pleine vitesse dans le développement de nouvellessolutions numériques avec l'idée, plus ou moins assumée, que l'argent physique finira un jour par disparaître.
Cet horizon semble d'ailleurs en partie matérialisé : "En Chine, les transactions en +cash+ sont devenus extrêmement marginales", pointe M. Berahya-Lazarus.