Il n'y a pas qu'en France que s'opposent les partisans d'une reprise économique rapide et ceux de la plus grande prudence sanitaire.
Avec la reprise progressive de l'école, l'interdiction des rassemblements jusqu'à la mi-juillet ou la date du 11 mai comme "objectif", on en sait désormais un peu plus sur la manière dont va se passer "l'après-confinement" en France. Mais qu'en est-il chez nos voisins, qui ne gèrent pas forcément la crise de la même manière ?
Belgique
Chez nos voisins belges, où les mesures prises pour enrayer la propagation du Covid-19 sont similaires à la France, le confinement général (qui a démarré le 18 mars) devrait être prolongé. Pour l'heure, il est censé se terminer à la date du 19 avril, mais les autorités se réunissent ce mercredi et son prolongement paraît inévitable. La Belgique a dépassé, ce mardi 14 avril, le cap des 4000 décès.
Et ses experts se méfient de ce qui pourrait arriver en cas de deuxième ou de troisième vague. Erika Vlieghe, présidente du groupe de travail chargé de définir la stratégie du déconfinement, a expliqué au quotidien flamand Het Nieuwsblad (article en néerlandais) que "si on n'est pas très prudent, le virus reviendra. Et il frappera plus fort que jamais." Elle estime même qu'il faudrait un an avant un retour complet à la normale,
Le confinement, pas toujours suivi à la lettre en particulir au retour des beaux jours, a également conduit le virologue Marc Van Ranst, très médiatisé depuis le début de la crise, à agiter la menace d'un confinement "à la Wuhan" : "Il y a donc des individus qui, par leur mauvaise conduite, vont contribuer à nous rapprocher d’un lockdown à la Wuhan ! Pendant lequel vous ne serez pas autorisés à faire du sport ou à travailler dehors", a-t-il martelé au Luxembourg Times.
Au niveau local, des initiatives sont d'ores et déjà prises : le bourgmestre de Liège et ceux des 24 communes de son arrondissement a décrété qu'aucun événement "petit, moyen ou grand, public ou privé, en plein air ou à l’intérieur" n'aurait lieu jusqu'au 30 juin.
Royaume-Uni
Le Royaume-Uni, frappé de plein fouet par le Covid-19, l'heure n'est pas encore au déconfinement. Il faut dire qu'avec un "lockdown" tardif – le 23 mars – nos voisins britaninques ont pris du retard dans la lutte contre le coronavirus et figurent aujourd'hui parmi les pays les plus touchés d'Europe, avec un bilan s'élevant à 11 329 décès ce mardi.
Le Premier ministre Boris Johnson a lui-même échappé à la mort après avoir été hospitalisé une semaine en soins intensifs, après avoir contracté le Covid-19. Malgré sa convalescence, dans son manoir de Chequers, le chef d'État a enregistré une vidéo dans laquelle il apparaît, les traits tirés, pour assurer que "nous vaincrons le coronavirus et nous le vaincrons ensemble".
? "Le personnel médical m'a sauvé la vie, sans aucun doute"
— naguib Mohamed guirreh (@GuirrehNaguib) April 12, 2020
Les premiers mots de Boris Johnson après sa sortie de l'hôpital ⤵ pic.twitter.com/dz2fWfRC4L
Le gouvernement doit se prononcer ce jeudi sur le prolongement du confinement, qui avait initialement été prévu pour trois semaines.
La prolongation est quasiment acquise pour au moins trois semaines, mais selon le quotidien conservateur The Times, le gouvernement serait scindé entre les ministres partisans d'un confinement court, jusqu'en mai (ceux de l'Intérieur, des Finances et du Commerce) et ceux qui plaident pour une prolongation au-delà de ces trois semaines, au premier rang desquels le ministre de la Santé Matt Hancock.
Pays-Bas
Ls Pays-Bas sont dans une situation à part. Comme la Suède, le pays n'a pas imposé un confinement généralisé strict à ses citoyens – préférant miser sur la stratégie de l'immunité collective – mais de lourdes restrictions sont malgré tout appliquées.
Les écoles, bars ou restaurants ont été fermés au public à partir de la mi-mars, les maisons de retraite ne reçoivent plus de visiteurs, les rassemblements de plus de deux personnes trop proches les unes des autres peuvent être sanctionnés et les événements sont interdits. "N'allez dehors que si c'est nécessaire", écrit même le gouvernement sur son site (page en anglais), en appelant au civisme de la population. Les Pays-Bas comptent ce mardi 2823 décès pour 26 551 cas d'infection.
Ces mesures, pour l'heure, sont appliquées jusqu'au 28 avril inclus, précise encore le gouvernement. "Cela signifie que les écoles resteront fermées jusqu'à après les vacances de mai. Seule l'interdiction des événements et des rassemblements s'appliquera jusqu'au 1er juin."
L'été va-t-il freiner le Covid-19 ? Rien n'est moins sûr...
Peut-on s'attendre à ce que la propagation du coronavirus ralentisse avec les premières chaleurs de l'été ? C'est l'une des inconnues de taille, même si les virus respiratoires n'aiment généralement pas l'été.Ainsi, il n'y a pas d'épidémie de grippe après avril dans l'hémisphère nord. Est-ce qu'il en sera de même pour le virus SARS-CoV-2?
L'annonce d'une forte reprise des contaminations, ces derniers jours à Singapour, permettrait d'en douter, la température dans la cité-Etat avoisinant actuellement les 30°.
"S'il n'y a pas de frein estival, alors ça sera plus compliqué" pour sortir du confinement, anticipe auprès de l'AFP l'épidémiologiste Antoine Flahault.