Le déconfinement est encore loin mais il se prépare. Et il pourrait avoir lieu région par région.
Le déconfinement, ce n'est pas pour demain. Edouard Philippe l'a redit ce mardi à l'Assemblée nationale. "Aujourd'hui c'est l'heure du confinement et l'heure du confinement va durer", a déclaré le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement. Le chef du gouvernement répondait aux députés alors que la France entre dans sa quatrième semaine de confinement, fixé jusqu'au 15 avril pour le moment.
"C'est tout à fait difficile à supporter pour beaucoup de Français, j'en ai parfaitement conscience, mais c'est indispensable si nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation qui serait pire encore que celle que nous connaissons aujourd'hui", a-t-il poursuivi. Il juge même que les questions sur le déconfinement "sont très largement prématurées".
Il n'empêche que le mot commence à être prononcé et que la France s'y prépare. "Nous nous préparons. Se préparer ne veut pas dire que c'est prêt. Ça veut dire se préparer techniquement, scientifiquement, logistiquement, pour être prêt le moment venu", a poursuivi le Premier ministre.
.@Paul_Molac (LT) s'interroge sur la stratégie de sortie du confinement, alors que la pandémie n'est pas stabilisée, et demande au Gvt des moyens pour tester la population, et pour fournir des masques aux français avant de rentrer dans le déconfinement #DirectAN #QAG pic.twitter.com/dGgDnsI96U
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) April 7, 2020
Début mai ?
Ces derniers jours, le mot déconfinement est plus souvent prononcé. Et certains y voient même une erreur du gouvernement, actuellement en plein rétro-pédalage.
Mais en coulisses, il se prépare bien. La question des masques et des tests est au coeur de la réflexion. Et le Conseil scientifique a rendu vendredi au gouvernement son avis "Etat des lieux du confinement et critères de sortie".
Mais aucune date de sortie n'a été officialisée ni même décidée. « Je pense qu’il vaut mieux le dire d’emblée maintenant. Il est trop tôt pour prévoir une date de sortie. Ça nous mène probablement jusqu’à début mai, je n’irai pas plus loin sur la précision parce que nous ne l’avons pas » a déclaré ce mardi sur BFM TV Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique. Cette recommandation est quasiment la même que celle qui a été prévue ou planifiée dès le début du confinement. "Dans l'état actuel des connaissances, on peut discuter de ce qui se passera dans le post-confinement, mais l'élément essentiel et capital est la poursuite d'un confinement strict sur plusieurs semaines", a-t-il également.
Quelle stratégie ? Par région ?
Là aussi, le Conseil scientifique a quelques idées mais ne rentre pas dans les détails : "On ne passera pas du noir au blanc mais du noir au grisé, le post-confinement sera quelque chose de progressif. Il y a deux choses qui vont être très importantes: premièrement, il faudra probablement avoir un confinement particulier pour la population à risque élevé. Deuxièmement, dans le post-confinement, l'utilisation des tests diagnostiques va être un élément essentiel, il faudra très largement les utiliser. Je pense qu'on aura les moyens de le faire d'ici quelques semaines, car ils seront disponibles"
De son côté, l'Academie de médecine qui est aussi une voix très écoutée préconise de nombreux critères pour le déconfinement. Elle penche clairement pour que ce déconfinement soit pensé et réalisé par région.
- "Que la sortie du confinement soit décidée sur la base de la Région et non par classe d’âge". Dans ce cas, les Hauts-de-France auraient une situation particulière puisque faisant partie des 5 régions les plus touchées en France.
- "Que cette sortie ne soit autorisée que dans les eégions dans lesquelles une décroissance nette du nombre des patients Covid-19 devant être hospitalisés et un retour des besoins de réanimation à l’état pré-épidémique sont observés". Dans la région, cette décroissance vient tout juste de commencer.
- "Que les personnes résidant dans une région en sortie de confinement ne soient pas autorisées à se rendre dans une région encore en situation de confinement"
- "Que la décision concernant les Régions frontalières soit prise en concertation avec les Etats voisins". Dans les Hauts-de-France, il faudra donc observer l'évolution de l'épidémie en Belgique et même au Royaume-Uni, deux pays très touchés.
- "Que la sortie de confinement soit accompagnée du maintien de l’interdiction des rassemblements (sauf cas exceptionnels, comme les obsèques, pour lesquelles le nombre maximal pourrait être de 20 personnes), du maintien des mesures barrières sanitaires (lavage des mains, gel hydro-alcoolique..), mais aussi de leur renforcement par le port obligatoire d’un masque grand public anti-projection, fût-il de fabrication artisanale, dans l’espace public".
-"Que l’argumentaire de la décision de sortie ou de maintien du confinement soit développé région par région, afin d’assurer le mieux possible la compréhension de la population concernée".
-"Que la décision sur la sortie du confinement ne soit pas fondée sur les résultats de tests biologiques individuels, dont la disponibilité et la fiabilité n’apparaissent pas assurées à brève échéance, et dont les implications opérationnelles seront sources de confusion".
- "Que les études de sérologie (test Elisa) à visée épidémiologique en population générale soient déclenchées au plus vite dans tout le pays sur une base Régionale, en vue d’apprécier le risque de survenue d’une deuxième vague épidémique".
- "Que, par tous moyens, scientifiques, techniques, industriels et réglementaires, et à tous échelons, français, européen et mondial, la mise au point, puis la production, d’un vaccin soit accélérée."
?#Covid19 #Deconfinement L'ANM recommande que la #sortie du #confinement soit décidée sur la base de la #Région et non par classe d'âge avec maintien de l'interdiction de rassemblement et des mesures barrière.
— Académie Nationale de Médecine (@acadmed) April 6, 2020
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Attention au déconfinement avant l'heure
En attendant, les autorités criagnent avant tout que le beau temps, les chiffres moins mauvais qu'il ya quelques jours et la perspective du déconfinement n'entraînent un relâchement. Ce mardi, le ministre de l’Intérieur a d'ailleurs autorisé les préfets à durcir les mesures de confinement.
"Prudence donc sur l'interprétation de la baisse actuelle, mais il y a néanmoins un petit signal d'espoir, précise le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy. Et c'est justement parce qu'on a les premiers signes qui montrent que le confinement commence à agir qu'il faut le poursuivre. (...) Donc attention, parce qu'au moindre message qui dit "ça va un peu mieux", ou quand on commence à parler des "stratégies de sortie de confinement", les gens se disent "on peut relâcher", "pourquoi je ne sors pas là, maintenant".
Même discours du côté du docteur Goldstein, du CHU de Lille : "On parle de déconfinement, c'est bien... Mais nous sommes toujours en confinement. Si on ne respecte pas les consignes, il va y avoir 2ème pic et cette fois, il va mettre à plat le système. L'approvisionnement en médicaments, en respirateurs, est compliqué. La consommation est supérieure à la production. Il faut donc qu'on réussisse à diminuer les raisons de consommer."