Pour limiter au maximum leurs déplacements, de nombreux picards privilégient les supérettes et petits commerces de proximité pour faire leurs courses. Dans certains commerces, la fréquentation a augmenté de plus de 30% depuis le début de la crise du Covid-19.
Perte de temps dans les rayons, promiscuité dans les files d'attente à la caisse et crainte de caddies "contaminés" : aujourd’hui, les grandes surfaces inquiètent. Depuis le début de la crise du Covid-19, beaucoup de consommateurs préfèrent s’approvisionner directement auprès des producteurs ou dans les petits commerces de proximité afin de limiter les déplacements et les interactions humaines.
"On a reçu beaucoup de nouveaux clients qui viennent pour la proximité et pour éviter le monde dans les grandes surfaces, confirme Ludovic Noël, gérant d’une supérette de 350m² à Daours, dans la Somme. Au total, la fréquentation a augmenté de 30% ".
Avec son unique salarié, Ludovic a mis en place des règles sanitaires strictes : trois clients maximum dans le magasin et désinfection régulière des poignées de porte, des billets ou encore de la caisse. À côté de la vente, il organise aussi des livraisons auprès des personnes âgées, sans surcoût. "Le nombre de livraisons a augmenté de 50%, ajoute le gérant. Même si le chiffre d’affaire est meilleur, on ne peut pas parler de point positif, je ne peux pas me réjouir de cette situation".
Une clientèle compréhensive
Malgré certaines ruptures de stock, sa clientèle reste majoritairement compréhensive. "Il y a juste une fois où un client craignant que j’augmente mes prix mais j’ai répondu que je n’étais pas là pour voler les gens".À Longpré-les-Corps-Saints, Laurie Vattier a dû elle aussi se retrousser les manches. Avec seulement 4 salariés opérationnels sur 8 et 40% de clients supplémentaires, cette gérante d’un petit supermarché de 670m² enchaîne les heures supplémentaires avec son mari pour remplir les rayons. "On ferme à 18 heures en ce moment au lieu de 20 heures habituellement parce qu’au niveau du planning, ça ne passait plus" précise-t-elle.
Malgré de nombreuses ruptures de stock, notamment au niveau des œufs, des pâtes et du sucre, les clients reviennent. "Ils ne veulent pas rouler plus pour aller dans les grands magasins et ils nous remercient d’être là pour eux et de rester ouvert".
Des habitudes de consommation qui changent
Contrairement à ses confrères commerçants, Lahbib Lazrak n’a pas remarqué de hausse de fréquentation dans son échoppe de 120m². Gérant de la plus ancienne épicerie de Nogent-sur-Oise – datant selon lui de 1870 – il a cependant constaté des nouvelles habitudes parmi sa clientèle. "Le nombre de clients a diminué en journée mais le panier moyen a augmenté, explique le commerçant. Avant les gens achetaient quelques articles pour dépanner et dépensaient 4 ou 5 euros. Maintenant ils viennent faire des courses pour plusieurs jours et dépensent plus de 20 euros".Autre changement d’habitude : le mode de paiement. Désormais, les pièces et billets qui passent de main en main sont vus d’un mauvais œil. "Avant, 60% des règlements se faisaient en espèces, explique Lahbib. Aujourd’hui, la grande majorité des clients règlent par carte bleue sans contact, pour éviter de toucher des pièces".
Un service de proximité
Les clients font aussi leurs courses beaucoup plus vite : "Ils arrivent déjà avec leur liste de courses pour être efficaces. Certains m’appellent avant de passer pour que je prépare leur commande et ils viennent juste pour la payer".Depuis le début du confinement, beaucoup de consommateurs semblent privilégier ces petits commerces situés près de chez eux, notamment parce qu’ils sont facilement accessibles. Selon une étude publiée en 2015, leur nombre aurait augmenté de 40% en dix ans.