Signalétique au sol, vestiaires aménagés, lavabos condamnés, poubelles à masques... l'usine du constructeur automobile PSA à Hordain (Nord) a chamboulé son organisation pour préparer le terrain à la reprise de l'activité, dont la date est encore inconnue.
On connaît la date de reprise de Toyota à Onnaing, mais toujours pas celle de l'usine PSA à Hordain, fermée depuis le début de la crise du coronavirus.
2500 salariés pour 70 hectares
En temps normal, 2.500 salariés s'activent sur cette zone de 70 hectares, proche de Valenciennes, l'une des cinq usines d'assemblage de PSA en France. Mais depuis le 18 mars, le site, d'où sortent chaque jour 580 véhicules, est vide et plus silencieux que jamais.
Pour autant, "pas question d'attendre le moment d'une reprise pour monter à la hâte un dispositif" sanitaire, avance le groupe. Si aucune date n'est encore fixée, une centaine de mesures sanitaires ont ainsi été installées pour préparer le retour -progressif- du personnel, avec seulement 1/6 des effectifs dans un premier temps.
Dès l'entrée extérieure, des marquages peints au sol indiquent les positions à respecter dans des files d'attente où chaque salarié se verra remettre un flacon de gel hydro-alcoolique, des masques chirurgicaux et des lunettes de protection. La prise de température – qui ne doit pas dépasser 37,5°C – sera systématique.
Dans l'immense entrepôt abritant l'atelier de ferrage, des rubans et marquages signalent les zones à respecter. Rouleaux d'essuie-main et désinfectant près des micro-ondes, adhésif sur les tables pour les limiter à une personne, affiches, interdiction des vis-à-vis: les mesures ne se cantonnent pas aux postes de travail.
"On s'est rendu compte qu'à quelques exceptions près, la distanciation d'un mètre est présente d'origine dans la nature de nos processus. Par contre, c'est dans tous les espaces connexes – acheminements, aires d'équipes et de repos, restauration, vestiaires – qu'elle est apparue le plus difficile à matérialiser", explique à l'AFP Luc Samsoen, DRH du site d'Hordain.
Douches condamneés, personnel déjà habillé...
Ainsi, pour l'accès aux vestiaires, "nous avons mis en place un système de tickets qui régule les entrées" et les salariés seront "encouragés à venir déjà habillés".
Les douches ont elles été condamnées, tout comme les fontaines à eau. Quant aux distributeurs, l'usage d'un stylo sera obligatoire.
Informés, les salariés accueillent plutôt positivement ce protocole mais certains craignent qu'il ne soit inutile en cas de reprise prématurée.
"Certaines mesures auront besoin d'être testées. Il n'y a qu'en intégrant progressivement les salariés qu'on pourra les améliorer" même si "le risque zéro n'existe pas", reconnaît Frédéric Jarosset, secrétaire FO.
Pas de course à la productivité, pour la direction
Seule condition : "Que le pic soit passé. Il ne faut pas aller trop vite. Si la direction accepte de perdre un peu de temps et de ne pas viser seulement la production, je pense que la sécurité des salariés peut être respectée", estime-t-il. Alors que la chute drastique du marché automobile européen (-55% en mars) assombrit les prévisions, la direction l'assure : la course à la productivité n'est "pas le sujet".
La CGT, pour sa part, se montre plus réservée, craignant que ces nouvelles habitudes créent "un climat délétère".
"Avec seulement 17 sièges dans l'aire de repos, ça va se passer à la chaise musicale ?", s'interroge Franck Théry, secrétaire général CGT. "Et, en cas d'évacuation d'urgence, comment fera-t-on ?", relève-t-il.
"L'auto-discipline, élément majeur"
"On a mis en œuvre beaucoup de choses" mais "tout ça ne pourra marcher que si les gens jouent le jeu", prévient Jean-Pierre Papin, responsable communication. "L'autodiscipline sera l'élément majeur de ce dispositif."
M. Samsoen se veut, lui, optimiste : "certains comportements subsisteront à la fin de cette crise sanitaire, qui seront plus adaptés à la vie en collectivité dans un environnement professionnel, ce qui est une bonne chose".