Comme dans la plupart des autres sports collectifs, le coronavirus a stoppé le water-polo de haut niveau. On fait le point sur les conséquences pour les clubs nordistes.
La Fédération française de natation a annoncé jeudi, après avoir réuni son bureau fédéral en visioconférence la veille, l'annulation de la fin de la saison de water-polo. Aucun titre ne sera décerné. Le classement de chaque division est entériné tel qu'il fut arrêté à la date du 13 mars dernier, aucune descente dans la division inférieure ne sera effectuée. La FFN a entamé des démarches pour obtenir une sixième place européenne auprès de la Ligue Européenne de Natation.
Au regard du classement du Championnat élite masculin, Marseille, en tête, disputerait de nouveau la Ligue des champions grâce à sa wild card obtenue la saison dernière. Le Pays d'Aix et Tourcoing joueraient le tour préliminaire de la Ligue des champions et Noisy-le-Sec et Strasbourg l'Eurocup. Montpellier serait donc le bénéficiaire d'une éventuelle sixième place.
Troisièmes au classement avec 9 victoires et 4 défaites, et un match en moins par rapport à Noisy-le-Sec (4e), les Enfants de Neptune de Tourcoing récupèrent donc logiquement une place en Ligue des Champions, alors que 85% du championnat était effectué. L’ENT Lille Métropole retrouvera l’élite européenne 20 ans après. Sa dernière participation à la C1 remonte en effet à 2001. Une grande satisfaction pour ce club emblématique du water-polo français, qui prépare déjà son recrutement pour la prochaine saison.
Septième de l’Élite masculine, Douai, qui a retrouvé une piscine, se maintient au plus haut niveau.
Un nouveau projet pour le LUC
La commission fédérale de water-polo a listé les problèmes qu’auraient entraîné une reprise des compéitions :
- Risques sanitaires liés à une reprise trop hâtive de nos programmes compétitifs.
- Incertitudes quant à la réouverture de nos infrastructures nautiques.
- Annonce de la non réouverture des restaurants au-delà du 15 mai ce qui accentuera les problèmes logistiques de déplacements.
- Incertitude des modalités progressives de « déconfinement » avec possibilités d’interdiction de déplacements de populations entre différentes Régions.
- Risque juridique de finir un championnat avec un effectif différent de celui établi actuellement.
- Problématique des joueurs ou joueuses en fin de contrat le 30 juin et de la difficulté de les faire jouer au-delà de ce terme contractuel.
- Non réouverture de nos frontières nationales ou des frontières de l’espace Schengen.
- Problématique de la situation des joueurs ou joueuses s’étant d’ores et déjà engagés pour la saison prochaine.
- Problématiques liées à certains contrats de Sponsoring ou de partenariat.
- Incertitude quant à la situation financière de nos clubs ».
Deuxième de l’Élite féminine, le LUC n’enchaînera donc pas un 7è titre consécutif en PRO A féminine. Mais grâce à leur 2è place, derrière Nice au soir du 13 mars, les Lilloises joueront à nouveau en Coupe d’Europe la saison prochaine. Il y aura au moins un tournoi préliminaire en fin d’année, qui peut conduire à la Ligue des Champions.
Le président du LUC water-polo féminin, Thierry Landron, se dit « un peu déçu de ne pas pouvoir jouer un nouveau titre. Nous n’avions pas encore attaqué la poule haute. Mais après un début de saison plus difficile que les années précédentes, nous avions redressé la situation et nous avions toutes les chances de gagner. Mais cette interruption est normale. Toutes les autres fédérations ont fait ce choix ».
Notre but, c'est d'être pérenne
Un choix qui ne change pas grand-chose pour le club lillois, de nouveau qualifié en Coupe d’Europe, et qui n’a pas trop d’inquiétude pour la poursuite de son activité. "Le LUC water-polo féminin, c’est une pépite », explique Thierry Landron."Il y a un véritable élan de solidarité autour de nous. La Ville et la MEL nous ont assuré que les subventions seront bien versées. Quant aux partenaires privés, nous n’en avions pas beaucoup. Mais là aussi, la solidarité prévaut. Dans le contexte actuel, c’est finalement une bonne chose d’arrêter le championnat ».
Cette crise va inciter le club lillois à lancer sa nouvelle stratégie. "Notre but, c’est d’être pérenne. Depuis plusieurs années, le turn over était très important avec le recrutement de joueuses de haut-niveau puisque nous visions chaque année la Coupe d’Europe. Maintenant, notre objectif c’est de recruter des jeunes joueuses qui restent à Lille. Nous pouvons pour cela nous appuyer sur une belle école de formation. Ces jeunes joueuses, de plus, seront utiles à l’équipe de France ». Lille constitue en effet depuis plusieurs saisons la base arrière de la sélection tricolore, qui vient souvent en stage dans la capitale nordiste.
C’est pourquoi Thierry Landron voit la prochaine saison avec sérénité. "Elle devrait démarrer plus tôt car nous aurons un calendrier chargé avec le championnat, la Coupe d’Europe, peut-être une Coupe de France, sans oublier le Tournoi de Qualification Olympique (TQO), repoussé à l’année prochaine ». Plusieurs lilloises jouent en effet en équipe de France.
Le principal souci du président lillois, c’est d’avoir un nouveau centre nautique, qui remplacerait l’actuelle piscine Marx-Dormoy, vieillissante. Le projet Saint-Sauveur est actuellement au point mort. Mais cela, c’est une autre histoire…