Alors que le variant Delta représente désormais 16 % des cas dans les Hauts-de-France selon l'Agence Régionale de Santé, le nombre de contaminations repart à la hausse depuis lundi dans l’hexagone. Le début d’une quatrième vague ?
Depuis lundi, le nombre de contaminations en moyenne sur 7 jours en France est reparti à la hausse : une première depuis la mi-avril. Certes les indicateurs sanitaires restent au vert mais l’épidémie ne recule plus : + 22 cas le 28 juin par rapport au lundi précédent, + 110 le 29 par rapport au mardi, + 137 le 30 juin. Une augmentation des contaminations prévisibles pour Philippe Froguel, généticien lillois et professeur à l’Imperial College de Londres.
"Je serais d’ailleurs surpris que ça ne continue pas à augmenter cette semaine, reconnaît le Professeur Froguel. Avec 10 % de variant indien, l’Angleterre a vu le nombre de ses cas s’envoler fin mai. Notre ministre de la santé a annoncé hier que la part du variant delta représentait 20 % des contaminations en France désormais, je ne vois pas pourquoi la France serait épargnée par une hausse des contaminations."
via @franceinfo : #COVID_19 Il nous a fallu un peu de temps pour regrouper les données @Alfred, mais les chiffres quotidiens sur l'évolution de l'épidémie sont bien là. On dénombre 2 457 nouveaux cas sur les dernières 24 heures, mais le nombre de cas… https://t.co/noHp4a9GIK pic.twitter.com/jhPdHHOjYV
— Philippe Froguel (@philippefroguel) June 30, 2021
Même analyse pour Philippe Amouyel, épidémiologiste et ancien directeur de l’Institut Pasteur de Lille. "Les chiffres de contamination repartent à la hausse à cause du variant Delta et de la libération des mesures de restrictions", selon lui. "Avec 95 % des virus séquencés, je pense que le Royaume-Uni est déjà en train d’affronter une nouvelle vague. Nouvelle vague que le France risque de subir aussi si nous n’accélérons pas la vaccination."
Les chiffres de contamination repartent à la hausse à cause du variant Delta et de la libération des mesures de restrictions
Fin avril, alors que le variant Delta commençait à se propager au Royaume-Uni, le taux de vaccination était comparable à celui de la France aujourd’hui. Les autorités ont alors mis les bouchés doubles en vaccinant à tour de bras. Résultat deux mois après les deux tiers de la population britannique ont reçu leur première dose, la moitié elle est complètement vaccinée. Malgré les 20 à 25 000 cas de contaminations/jour, le pays compte aujourd'hui moins de 20 morts par jour.
"On a l'impression que c'est fini, on refait des fêtes, des matchs et des fan zones, personne ne porte de #masque en #terrasse. Ce point-là contraste avec ce qui est en train de se passer. Les chiffres restent faibles mais c'est important d'anticiper maintenant" @P_Amouyel pic.twitter.com/5qGKYfPSN4
— C dans l'air (@Cdanslair) June 25, 2021
Le nombre de vaccination est-il suffisant ?
En France, seule un tiers de la population est complètement vacciné et 50 % des Français n'ont reçu qu'une dose de vaccin. Insuffisant pour affronter une quatrième vague. "Le problème de la France, martèle Philippe Froguel, c’est qu’il n’y a que 200 000 personnes en ce moment qui viennent se faire vacciner chaque jour pour la première dose. Il en faudrait au moins 500 000."
Le problème de la France, c’est qu’il n’y a que 200 000 personnes en ce moment qui viennent se faire vacciner chaque jour pour la première dose. Il en faudrait au moins 500 000.
Et les prévisions du professeur pour les semaines qui viennent ne sont pas optimistes : "soit on va faire face a un plateau pendant 15 jours, affirme Philippe Froguel, soit on assiste à une montée brutale des cas à partir de lundi prochain. Le problème, c’est qu’on ne dispose pas de chiffres fiables sur la présence du variant Delta." Dans sa ligne de mire : les séquençages toujours. Selon lui, 500 000 séquençages ont été réalisés Outre-Manche pour traquer le variant Delta. Contre 3000 seulement par semaine en France. Un séquençage qui aurait peut-être permis aux Britanniques de contenir l’envolée du variant Delta de fin avril à fin mai.