Les mouettes sèment la panique cet été en Angleterre, volant de la nourriture des mains même des touristes, attaquant les animaux domestiques et faisant les délices de la presse à sensation.
"Une mouette a volé mon iPhone", titrait récemment le tabloïd The Sun. "Des mouettes psychopathes tiennent les immigrés illégaux à distance", se réjouissait un autre tabloïd, le Daily Express, ouvertement anti-immigration. Ces oiseaux n'ont jamais été si célèbres depuis la fameuse sortie de l'ex-star française du football Éric Cantona, qui déclara énigmatiquement en 1995: "Quand les mouettes suivent un chalutier, c'est qu'elles pensent qu'on va leur jeter des sardines."
DAILY STAR FRONT PAGE: "Seagulls attack TV bake-off" #skypapers pic.twitter.com/M0NDNXr68b
— Sky News (@SkyNews) 4 Août 2015
Vingt ans plus tard, les mouettes semblent préférer les "fish and chips" des touristes de Brighton, station balnéaire populaire de la côte sud anglaise.
Le Brighton Shellfish and Oyster Bar, un petit kiosque de plage vendant du poisson et des fruits de mer à emporter, affiche un écriteau pour prévenir ses clients : "Les mouettes volent la nourriture, faites attention, nous déclinons toute responsabilité". "Je suis sûre qu'elles sont entraînées par des terroristes", plaisante le propriétaire, Cliff Faires, pour décrire leur méthode d'attaque.
Seagulls are literally Satan...... pic.twitter.com/qIQQDAtK7A
— Ania (@PIKAniuu) 30 Juillet 2015
Une mouette commence par se précipiter sur une personne tenant de la nourriture, volant très près d'elle. Puis quand la proie, effrayée, laisse tomber sa pitance, d'autres mouettes se précipitent sur le butin, parfois en très grand nombre. "Elles aiment tout, sauf le citron ... et le tabasco", assure-t-il à l'AFP.
"La pire année"
"Je vois des mouettes chiper de la nourriture aux gens trois ou quatre fois par jour. Et encore plus souvent quand il fait beau", abonde Chris, employé d'un kiosque de poisson frit sur la jetée de Brighton. "Le pire auquel j'ai assisté c'est quand une (mouette) s'est posée sur la tête d'une veille dame qui mangeait un hot-dog", raconte-t-il à l'AFP, décrivant l'air "terrifié" de la victime. "C'est la pire année", assure quant à lui Jack Messenger, du kiosque Sea Haze Bar, avant de plaisanter sur les bénéfices pour le commerce: "comme les mouettes volent la nourriture, les gens doivent en racheter !" La côte n'est pas la seule à souffrir des mouettes, tout le sud de l'Angleterre se plaint."C'est le bruit qui nous affecte réellement dans notre ville, témoigne Laura Mayes, de la mairie de Wiltshire (sud-ouest). Elles tournent autour des maisons et crient 24 heures sur 24". "Vous ne laisseriez pas vos voisins faire la fête toute la nuit mais c'est ce qui se passe avec ces mouettes", ajoute-t-elle. Les experts s'accordent à dire qu'il y a plus de mouettes que jamais et qu'elles se sont habituées à vivre au contact des humains. Elles peuvent aussi se montrer particulièrement agressives pour défendre leur territoire lorsqu'elles couvent en juillet.Diabolisation
Trois animaux domestiques (une tortue, un chihuahua et un Yorkshire Terrier) seraient ainsi morts attaqués par des mouettes ces derniers mois dans le sud-est de l'Angleterre. "Du sang jaillissait de sa tête. On aurait dit une scène de crime", a déclaré à la presse Emily Vincent, la propriétaire du chien qui a été attaqué dans son jardin alors qu'elle s'y trouvait avec son jeune fils. "Je crois que nous avons un problème", a lui-même reconnu le Premier ministreDavid Cameron, interrogé par la BBC.
Tuer des mouettes étant interdit, la seule manière de les combattre est de détruire leurs oeufs ou de lâcher des rapaces. "L'hystérie n'est pas justifiée", tempère Tony Whitehead, porte-parole de la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB), auprès de l'AFP. "Il y a un problème, reconnaît-il, mais ce n'est pas une raison pour diaboliser la totalité de l'espèce".
Plutôt que de détruire leurs oeufs, il faut augmenter les ressources pour les étudier, avance Pete Rock, un expert des mouettes urbaines. "Elles sont très intelligentes. Elles savent tout du lieu où elles vivent, où obtenir de la nourriture, où s'accoupler, où dormir lorsqu'elles ne couvent pas... Mais nous, nous ne savons rien de tout cela", regrette-t-il.