Dans les centres de vaccination des Hauts-de-France, il faut convaincre péniblement pour écouler les doses d’AstraZeneca

Alors que près d'un habitant des Hauts-de-France sur cinq a reçu au moins une dose de vaccin depuis le début de la campagne, un ralentissement est observé. En cause d'après les élus et les professionnels de santé ? La réticence de la population face à l'AstraZeneca. 

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Lorsqu’on lui demande à quel rythme la campagne de vaccination se poursuit dans sa ville, la maire LR de Calais est catégorique : "on peut dire qu’elle est à l’arrêt total". Natacha Bouchart accuse le coup.

Elle pointe du doigt la communication "désastreuse" faite autour de l’AstraZeneca qui, selon elle, est le seul vaccin livré depuis le début du mois d’avril au forum Gambetta, centre de vaccination XXL de la commune littorale. "Ce n’est même plus une réticence, c’est un refus clair et net de l’Astra de la part des habitants"

À Calais, Denain ou Beauvais... les centres de vaccination désertés

Début avril déjà, plusieurs centres de vaccination des Hauts-de-France - dont celui de Calais - avaient constaté que le public n’était plus au rendez-vous. Et cela se confirme un peu partout aujourd'hui. Alors que Nice faisait la une des journaux le week-end dernier avec 50 doses d’AstraZeneca écoulées sur les 4 000 prévues obligeant le centre XXL à fermer ses portes, le constat est le même dans les Hauts-de-France. Le centre de Denain, qui recevait pour la première fois des doses d'AstraZeneca, en a écoulé une dizaine sur 210.

Dans le centre de vaccination de Beauvais, à peine 120 personnes se sont déplacées samedi dernier alors qu'il y avait pas moins de 600 créneaux disponibles, avance BFM TV. La préfète de l’Oise a d'ailleurs admis à nos confrères que "le vrai frein (…), c’est la crainte du vaccin" AstraZeneca.

Sur la semaine qui vient de s’écouler - du lundi 12 au dimanche 18 avril - 217 082 injections ont été réalisées dans les Hauts-de-France, dont 131 811 primo-injections et 85 272 secondes injections.

Parmi ces primo-injections, Pfizer-BioNtech représente plus de la moitié des doses injectées, même si plus de 50 000 doses d’Astra ont été injectées sur les sept derniers jours dans les Hauts-de-France. Mais derrière les chiffres, élus et professionnels de santé l’assurent, is doivent remonter leurs manches pour tenter de convaincre les habitants de recevoir une dose de ce vaccin, aujourd’hui pointé du doigt.

"La communication sur l’Astra est désastreuse"

Souvenez-vous. Lundi 15 mars 2021, Emmanuel Macron annonce lors d’un déplacement à Montauban la suspension de la vaccination avec AstraZeneca, emboîtant le pas de plusieurs pays européens dont l’Allemagne. La raison : attendre un avis rendu par l’agence européenne du médicament (AEM) après la découverte de plusieurs cas de thrombose - comprendre un caillot se formant dans un vaisseau sanguin et l’obstruant - qui pourraient être liés au dit vaccin. 

Quatre jours plus tard, le vaccin est de nouveau autorisé sur le marché français pour les plus de 55 ans, alors que l’AEM met en avant les bénéfices bien plus importants que les risques de celui-ci. Et malgré les efforts du premier ministre Jean Castex de recevoir une dose d’AstraZeneca devant les caméras pour tenter de rassurer, la confiance entre le vaccin et la population est plus qu’amochée. "On a beau expliquer qu’il n’y a pas plus de risque avec de l’Astra qu’avec du Pfizer ou du Moderna, la communication qui a été faite autour de ce vaccin est désastreuse", avance la maire LR de Calais.

"La communication faite est difficile à assumer par les professionnels de santé, de telle sorte que les patients ont encore des difficultés à accepter ce vaccin".

Gilbert MBock, médecin coordinateur du centre de vaccination de Denain (Nord)

Ce que confirme le docteur Gilbert MBock, médecin coordinateur du centre de vaccination de Denain, dans le Nord. "La communication faite est difficile à assumer par les professionnels de santé, de telle sorte que les patients ont encore des difficultés à accepter ce vaccin", avance-t-il. "On peut dire que le problème d’AstraZeneca est aujourd’hui… (il réfléchit, ndlr) épineux"

Depuis le début de la campagne vaccinale en France, 23 personnes ont développé des cas de thrombose atypiques après avoir reçu une injection d’AstraZeneca, dont huit en sont mortes, indique l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Sur un total de 2,7 millions d’injections.

"Le but, c’est de ne pas jeter ces doses et de convaincre ces patients à accepter ce vaccin"

Malgré des cas de thrombose restant marginaux, les remontées du terrain sont plus que mauvaises. Le centre de vaccination de Denain en est l’exemple parfait car, pour la première fois le week-end dernier, il a reçu une dotation du vaccin AstraZeneca. 210 doses au total. "On en a écoulé à peine une dizaine", déplore le docteur MBock.

À Calais, le constat est similaire. "On tente d’écouler péniblement 1 000 doses depuis quinze jours et on n’arrive pas à en faire plus de 150 par week-end. Il me reste donc 750 doses à écouler, raconte Natacha Bouchart. Comme on a pas d’autres doses en dehors de l’Astra, on ouvre le centre pour dire de ne pas fermer mais ça remet en question tout ce qu’on a fait pour rattraper le retard de janvier et février".

"Ça remet en question tout ce qu’on a fait pour rattraper le retard de janvier et février"

Natacha Bouchart, maire LR de Calais

Une fois ce constat fait, comment faire pour convaincre ? "C’est un travail de longue haleine, au cas par cas", explique la maire de Calais. De la pédagogie donc. "Notre rôle c’est de mener un travail d’explication en leur disant que ce vaccin est aussi bénéfique que les autres, avance le médecin coordinateur du centre de vaccination de Denain. Le but, c’est de ne pas jeter ces doses et de convaincre ces patients à accepter ce vaccin comme tous les autres".

Depuis le début de la campagne de vaccination dans les Hauts-de-France, 1 557 145 injections ont été réalisées, dont 364 359 avec l'AstraZeneca. Près d’un habitant sur cinq a reçu au moins une dose de vaccin.

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