Le camp de migrants de Grande-Synthe, "complet", n'accueillera plus aucune personne supplémentaire, alors que se profile le démantèlement de celui, proche, de Calais, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
"Le camp de la Linière n'a pas vocation à régler tout le problème migratoire du littoral", a expliqué le directeur de cabinet du maire de Grande-Synthe, Olivier Caremelle. Cette ville de la banlieue de Dunkerque, à 40 km de Calais, a co-financé avec MSF (majoritaire) ce camp aux normes humanitaires internationales, dont la gestion a été confiée par l'Etat à une association, l'Afeji.
Alors que le nombre de réfugiés du camp, essentiellement kurdes, avait baissé ces derniers mois pour atteindre 700, il est reparti à la hausse "jusqu'à 850 depuis 15 jours avec une population en provenance de Calais", explique M. Caremelle. Le camp n'accueillait depuis quelques mois que les "plus vulnérables" - femmes et enfants - et avait tendance à refuser les hommes seuls. Or, la mairie vient, "avec l'accord de la préfecture", de décider que "plus aucune entrée ne soit possible car tous les chalets sont utilisés", poursuit M. Caremelle, indiquant que l'Etat avait assuré qu'il s'occuperait désormais des "plus vulnérables", notamment à travers le Samu social.
"Contradiction" ?
"On est vigilant devant le démantèlement de Calais car cela ne sera pas simple", prévient encore M. Caremelle, qui précise que le camprestera ouvert aux personnes déjà installées et qu'un système d'identification à base de bracelets sera prochainement mis en place.
La préfecture du Nord, sollicitée par l'AFP, n'avait pas donné suite en fin d'après-midi. Ces mesures sont vivement critiquées par MSF, architecte et financeur principal de la construction de ce camp (2,6 millions d'euros sur les 3,1 millions) ouvert en mars. "C'est en totale contradiction avec l'esprit même du site, qui devait être ouvert et proposer un accueil digne. Or on remarque qu'avec l'arrivée de l'Etat, on a affaire à un ensemble de mesures qui visent à démanteler le camp le plus vite possible", estime auprès de l'AFP Franck Esnée, chef de mission MSF Calais Jungle et Grande-Synthe.
Selon lui, "l'Etat, qui s'oppose au transit des gens dans la région", refuse d'admettre que "certains réfugiés ont un projet qui n'est pas de rester en France". Près d'un tiers des 5.700 à 10.000 migrants (comptage officiel et des associations) de Calais souhaitent, selon MSF, rejoindre l'Angleterre alors qu'ils "sont une majorité" à Grande-Synthe.
"Le démantèlement de Calais est effectivement une crainte pour nous. Mais celui de notre camp n'est pas d'actualité", tempère Franck Spicht, responsable régional de l'Afeji.