Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a vivement répliqué vendredi aux inquiétudes exprimées par les avocats sur le démantèlement de la "Jungle" de Calais, les appelant à se "rendre utiles" au lieu de critiquer le gouvernement.
M. Cazeneuve s'est invité à la dernière minute au Congrès organisé par le Conseil national des barreaux (CNB). Ce dernier, organisation représentant la profession au niveau national, a publié jeudi un communiqué virulent sur le démantèlement annoncé du camp de Calais. Cette opération n'a "d'humanitaire que le nom", selon le CNB. "Si vous voulez être utiles à la reconnaissance des droits des réfugiés (...) je vous ouvre grandes les portes des CAO", les Centres d'accueil et d'orientation implantés partout en France pour accueillir les migrants de Calais, a lancé le ministre de l'Intérieur, lui-même avocat.
"Qui de nous ici aspirerait à vivre dans un camp ? (...) Dans la boue de Calais alors que l'hiver arrive ?" a-t-il demandé aux avocats réunis dans des salons feutrés sous la Grande Arche de la Défense. M. Cazeneuve a aussi reproché au président du CNB Pascal Eydoux, qui lui a réclamé des "explications" sur le démantèlement prochain du camp, de n'avoir "pas eu un mot" sur les élus locaux qui refusent d'accueillir des migrants.
Négociations avec Londres
Enfin le ministre de l'Intérieur a reproché au CNB de renvoyer les avocats désireux d'assister les réfugiés vers une adresse mail comportant le terme "anti-rafle" : "Comment peut-on utiliser des concepts de cette nature ?" Indiquant que le démantèlement de la "Jungle" était une "opération extrêmement difficile" et rappelant que des négociations serrées étaient en cours avec Londres sur l'accueil des mineurs du camp, il a dit : "Nous aurions besoin d'être aidés."Le Défenseur des droits et la Défenseure des enfants ont également exprimé leur inquiétude sur le sort des 7.000 à 10.000 migrants occupant ce bidonville, alors que les conditions et le calendrier du démantèlement restent entourées d'incertitudes, même si la date du 17 octobre a pu circuler.
Le Congrès des avocats 2016, qui a pour thème "L'avocat, le secret et la transparence", doit durer toute la journée. Il doit être clos par le Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, sur fond de révolte des magistrats contre des propos polémiques de François Hollande.