Le démantèlement de la "Jungle" de Calais a déjà (presque) commencé

Distribution de valises aux migrants, appels aux dons pour des tentes, baisse du nombre de repas distribués : dans la "Jungle" de Calais, depuis l'annonce du démantèlement par les autorités, migrants et associatifs s'organisent et envisagent déjà l'après.

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Par une matinée fraîche d'automne, l'allée centrale de la "Jungle", à l'accoutumée pleine de vie, est quasiment vide. Seuls deux épiceries et un restaurant afghan, dont l'odeur des plats cuisinés parfume le chemin déserté, sont ouverts. On est loin de la bataille rangée qui a opposé aux forces de l'ordre quelque 200 migrants, appuyés par de nombreux militants d'ultra-gauche "No border", pendant trois heures samedi dernier.

"Ça fait six mois qu'on nous dit que la "Jungle" c'est fini, mais ça ne se termine jamais !" s'impatiente presque Amjad, un Pakistanais qui vit là depuis un an. "Tout le monde ici sait qu'il va bientôt devoir partir et se demande ce qu'il va faire. Moi, je prendrai le train pour Paris". Plus loin, plusieurs dizaines de migrants patientent devant le centre d'accueil de jour Jules-Ferry pour un petit-déjeuner."Depuis l'annonce du démantèlement, on remarque une baisse de fréquentation du dispositif : on est redescendu sous la barre des 3000 repas quotidiens alors qu'il y a encore trois semaines, on était à 4500", rapporte Stéphane Duval, directeur de Jules-Ferry et du Centre d'accueil provisoire (CAP).
Même constat de l'Auberge des Migrants, l'une des principales associations d'aide : "Nous sommes à 4.000 repas par jour contre 5.000 il y a 15 jours. Selon nous, des personnes qui n'ont pas envie de rester en France sont déjà parties, notamment à Grande-Synthe", affirme le président Christian Salomé.

Pour M. Duval, des réfugiés ressentent "quelques inquiétudes sur la manière dont le démantèlement va se passer". Anticipant l'évènement, ils tentent d'intégrer le CAP "car une fois ici, ils savent qu'ils pourront rester sur place, le CAP n'ayant pas, pour l'heure, vocation à disparaître", affirme-t-il. Résultat: d'une capacité de 1.500 places, le CAP est "complet et le turnover faible".

"Plus de 1.500 valises et sacs reçus"

A la différence du démantèlement en mars de la zone sud du camp, celui de la zone nord, où s'entassent entre 7.000 et 10.000 migrants selon les comptages, semble susciter moins d'hostilité. "Nous ne voulons pas la continuité de ce bidonville. Démanteler la zone sud, c'était réduire la surface, mais garder le camp et donc empirer la situation. Maintenant, il y a une possibilité pour les migrants qui restent en France d'avoir une situation
meilleure
- en rejoignant des Centres d'accueil et d'orientation (CAO) - ça nous convient tout à fait
", affirme M. Salomé.

Des migrants partagent ce sentiment : "C'est bien que le démantèlement arrive, quand la Jungle sera détruite, on nous dispersera dans de meilleurs endroits", dit Noah, un jeune Soudanais. Côté logistique, l'Auberge des Migrants distribue "davantage de vêtements propres", mais surtout "des sacs et des valises pour qu'ils puissent emmener leurs affaires avec eux", explique M. Salomé, assurant que l'association a reçu "entre 1.500 et 1.800 sacs et valises en une semaine". "Le problème, ce sont les gens qui veulent toujours aller en Angleterre: on ne sait pas où ils vont aller", déplore toutefois M. Salomé.

A l'image d'Aldon, un jeune Soudanais de 20 ans: "C'est l'Angleterre ou rien, alors, tant que je peux, je reste ici et quand ils démantèleront, je ne m'éloignerai pas trop", assure-t-il. C'est pourquoi, outre les sacs et les valises, l'Auberge des Migrants a lancé un appel aux dons pour des tentes et des duvets. Nous craignons de retrouver "les personnes dans les jardins publics, sous les ponts ou dans les champs" et, à ce moment-là, il faudra recommencer "à leur fournir des tentes, des bâches, des duvets... On risque de revenir à une situation d'il y a 14 ans, avec le démantèlement de Sangatte...", regrette Christian Salomé.
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