Sept hommes soupçonnés d'avoir agressé cinq migrants dans la nuit de mercredi à jeudi à Loon-plage (Nord) ont été mis en examen et placés en détention provisoire, a annoncé vendredi soir le parquet de Dunkerque.
Ils ont été mis en examen des chefs de "violences volontaires n'ayant pas entraîné d'incapacité totale de travail commises en réunion" et de "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes", a indiqué le substitut du procureur de la République de Dunkerque, Marie Grollemund.
"Durant leurs gardes à vue, certains ont déclaré s'être rendus près du Port de Loon Plage afin de prendre des photographies pour alimenter un site internet nommé 'Calais ideoscope' (islamophobe et anti-migrants, ndlr) et contestaient les violences, mais reconnaissaient que trois d'entre eux s'étaient armés de barres de fer selon eux pour se défendre contre les migrants en cas d'agression", a précisé cette source.
Selon le parquet, l'une des personnes présentée a reconnu être le leader du groupe interpellé : "Il a déclaré que le but de l'expédition était de prendre des photographies et qu'il avait emporté des armes de type matraque pour se défendre. Il a lui aussi contesté toute violence sur les migrants".
Néanmoins, il n'était en possession d'aucun appareil photographique, a-t-il précisé. Dans la nuit de mercredi à jeudi, à Loon-plage près de Dunkerque, des policiers repéraient deux véhicules s'arrêtant dans une lande déserte, habituellement utilisée par des migrants du camp de Grande-Synthe pour tenter de monter dans des camions empruntant les car-ferries pour Douvres.
Ces sept hommes "se rendaient dans un bosquet" alors que "plusieurs migrants sortaient de cette zone en courant", et déclaraient aux policiers présents sur les lieux "qu'ils se faisaient agresser par plusieurs personnes", selon le parquet.
Parmi les cinq victimes, des Kurdes irakiens, deux ont dit avoir fui des hommes masqués, dont deux portaient des barres de fer. Trois autres victimes n'ont pas souhaité être entendues. Les agresseurs présumés, âgés de 24 à 47 ans, originaires du Pas-de-Calais (cinq), de la région parisienne et de Bretagne, sont "clairement des sympathisants des mouvements anti-migrants à Calais", avait indiqué le procureur Eric Fouard.
Sur les lieux de l'agression, les policiers ont pu mettre la main sur deux barres de fer et en ont découvert une troisième dans l'un des véhicules, ainsi qu'une bombe lacrymogène.
Cette arrestation survient alors qu'une information judiciaire a été ouverte début février par le parquet de Boulogne-sur-Mer après l'agression avec arme de trois Syriens fin janvier à Calais. Mais d'après le procureur de Dunkerque, rien ne prouve que les hommes arrêtés soient les auteurs de violences exercées contre des migrants dans la région de Calais, à une quarantaine de km de Dunkerque.