Le parquet de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) a annoncé vendredi avoir ouvert une enquête préliminaire, confiée à la police judiciaire (PJ) de Lille, à la suite d'actes d'agression "répétés" à l'encontre de migrants dans le Calaisis.
"Les faits ont été constatés par la police de Calais et comme j'ai vu que cela avait une certaine ampleur, car c'était des faits répétés,
une enquête préliminaire a été ouverte et j'ai saisi la police judiciaire", a déclaré Jean-Pierre Valensi, procureur à Boulogne-sur-Mer, précisant qu'il s'agissait "de quatre à cinq plaintes".
"La PJ est le service régional le plus compétent pour cette enquête qui est particulièrement suivie par le parquet", a-t-il ajouté. Libération a fait état dans son édition de vendredi de l'ouverture d'une information judiciaire en août - ce qu'a réfuté le procureur - évoquant "au moins neuf" agressions violentes depuis août, contre des Erythréens et des Soudanais, et dont au moins une dans la nuit du 25 au 26 septembre avec enlèvement à bord d'une voiture et passage à tabac après usage de gaz lacrymogène.
M. Valensi a expliqué que l'enquête était "longue et difficile", car il était délicat de "rassembler des preuves suffisamment fortes", les agressions se déroulant souvent la nuit, dans des lieux sans vidéo-surveillance, avec des témoignages "pas forcément fiables".
Le magistrat a également récusé tout laxisme concernant les auteurs d'agressions de migrants, qui sont environ 3.000 à Calais, dans l'attente de pouvoir passer illégalement en Angleterre qu'ils considèrent souvent comme une terre promise.
"Les victimes font l'effort de porter plainte, reconnaissent leurs agresseurs lorsqu'on leur présente des photos, mais plus rien ne se passe ensuite, il n'y pas d'interpellation. Ils ont l'impression qu'on les laisse tomber", a cependant affirmé Maya Konforti, de l'association Auberge des migrants à Calais.
"On poursuit sans faiblesse les auteurs des agressions et quand on les prend, il y a des condamnations très fermes", a toutefois assuré M. Valensi, qui "encourage" les migrants à déposer plainte en cas de violences à leur encontre.