Gilets jaunes. Fatigue, rappels, "boule au ventre"... Comment la police gère la crise après 3 semaines de blocages

Le dispositif policier risque d'être important, samedi pour le quatrième week-end de mobilisation des Gilets jaunes. 

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Ce week-end, sur les routes des Hauts-de-France où les radars fonctionnels se comptent sur les doigts d'une main, il n'y aura sans doute aucun gendarme ni aucun policier pour effectuer le moindre contrôle routier.
 

Pour le quatrième week-end de suite, les forces de l'ordre vont être mobilisés dans tout le pays. Dans les Hauts-de-France, peu d'informations ont filtré sur les moyens déployés, mais le "dispositif sera encore plus renforcé que la semaine dernière" avance Arnaud Boutelier, secrétaire adjoint du syndicat Alliance Police dans le Nord-Pas-de-Calais. "On attend de nouvelles instructions" note Thierry Cauchy, délégué zonal adjoint de SGP CRS Zone Nord.
 
Et qui dit dispositif renforcé dit, une fois encore, une importante mobilisation d'agents (le Premier ministre Édouard évoquait 89 000 policiers et des "moyens exceptionnels" à l'échelle de la France)

Difficile, dans ces conditions, d'assurer de façon optimale les missions de sécurité habituelles des policiers. "Les contrôles routiers continuent d'être assurés, hormis lorsqu'il y a d'importantes contraintes."
 
 

Des rappels de repos


"Les missions sont maintenuessouligne Thierry Cauchin, mais "il y a quand même eu des rappels, des repos ont malheureusement sauté" chez les CRS. Idem côté police, où "depuis le début de cette mission, il n'y a quasiment pas eu de repos, ou très peu."

Sur les points les plus chauds de la région, et notamment à Calais où des violences ont éclaté le week-end dernier, la situation était particulièrement tendue et les missions du quotidien en ont pâti "sur certaines plages horaires" note Thierry Cauchin.

Alors que le Calaisis compte généralement trois compagnies et demie de CRS (une compagnie comptant près de 80 à 90 agents, si l'on excepte les congés et les formations). Or, samedi dernier, une compagnie de CRS a été "rappelée à la dernière minute, à minuit, et a fait toute la nuit". Et ne pouvait donc pas être mobilisée pendant l'après-midi.
 
"Les migrants ont bien compris que la mobilisation sur la rocade Ouest et l'échangeur 43 de l'A16 laisse le champ libre sur la rocade Est" concède Gilles Debove, du syndicat SGP Unité Police, qui loue le travail de ses collègues, notamment de Police secours, de la Sécurité publique et de la Police aux Frontières.

 

Une pénurie de matériel


À cela s'ajoute un autre problème, souligne Arnaud Boutelier : tout le monde est mis à contribution – investigateurs, sécurité routière ou policiers en civil – mais il n'y a pas suffisamment de matériel. "Les casques, les matraques, il n'y en a pas pour tout le monde !"

"Ça fait des années qu'on dénonce un manque de matériel et d'effectifs" et le mouvement des Gilets jaunes, qui dure depuis un mois, met en lumière ce manque de moyens. 

Face à des manifestations non déclarées, "on ne peut pas anticiper, c'est complètement imprévisible."
 
 

Les policiers à bout

Côté policiers et CRS, le constat est le même quel que soit le syndicat. "Il y a la fatigue qui s'accumule" confie Gilles Debove (SGP Police), "des collègues font 14 heures de vacation d'affilée" signale Arnaud Boutelier (Alliance Police)

"La corde est tendue et elle risque de casser !" précise Arnaud Boutelier, ajoutant que ses collègues "ont déjà la boule au ventre". "Ce week-end, ça va être très compliqué" prévient-t-il"on a toujours peur qu'il y ait des débordements."

Surtout, les forces de l'ordre ne savent pas comment tenir, "si ça continue jusqu'à la fin de l'année..." Et Gilles Debove d'ajouter : "les collègues tiennent... Mais jusqu'à quand, je ne peux pas le dire..."

 

On est le premier rempart contre l'anarchie, et là on commence à y arriver !


"Leurs revendications concernent tout le monde ! On est tous concernés par l'augmentation du prix du carburant, par le faible pouvoir d'achat" s'indigne Arnaud Boutelier. "Mais on est le premier rempart contre l'anarchie, et là on commence à y arriver !"
 
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