Cinq migrants du camp de Grande-Synthe (Nord) ont été condamnés vendredi jusqu'à trois ans de prison ferme pour avoir lancé mardi des projectiles sur des policiers qui effectuaient une opération de contrôle contre des passeurs, a-t-on appris de source judiciaire.
Estimant cette décision prise par le tribunal de Dunkerque pourtant "sévère", leur avocat a précisé que ses clients ne comptaient pour le moment pas faire appel. Ils encouraient jusqu'à 7 ans de prison. "La peine me semble sévère sur des faits contestés et sur lesquels en définitive seules deux versions s'affrontaient", a expliqué Me François Rosseel. Lors d'une opération de police mardi contre des filières de passeurs opérant dans le camp, "plusieurs personnes s'étaient interposées et avaient jeté des pierres sur les agents de la Police aux frontières (PAF)", a déclaré à le procureur de Dunkerque Sébastien Piève.
L'un des policiers, touché à la tête, s'était vu prescrire une Incapacité temporaire de travail (ITT) d'une journée. Deux véhicules des forces de l'ordre avaient également été "détruits", selon le procureur. "C'est une sanction sévère mais appropriée à la gravité des faits", a-t-il affirmé, parlant de "violences dignes d'un véritable lynchage qui auraient pu tourner à une situation plus grave. C'était une scène d'agression particulièrement féroce". Une femme et quatre hommes, qui vivaient dans le camp de réfugiés dit de la "Linière", ont ainsi été condamnés pour "violences volontaires aggravées" et "dégradations aggravées" de 30 à 36 mois de prison ferme, des peines sensiblement proches de celles demandées par le parquet. Le préfet du Nord, Michel Lalande, et Damien Carême, maire écologiste de Grande-Synthe, avaient exprimé dans un communiqué "leur indignation" face à ces violences.
Jugés également vendredi en comparution immédiate par le tribunal de Dunkerque, les deux passeurs kurdes interpellés mardi ont pour leur part écopé de cinq et quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt, assortis d'une amende de 20 000 et 10 000 euros ainsi qu'une interdiction définitive du territoire français. Depuis le début de l'année, plus de 500 trafiquants ont été interpellés sur le littoral de la région Hauts-de-France, et 29 filières démantelées, dénombre la préfecture du Nord. Le camp de Grande-Synthe, dit "de la Linière", ccueille environ 800 migrants, essentiellement kurdes. Il a été construit aux normes humanitaires internationales par MSF, avec la ville de Grande-Synthe et la communauté urbaine de Dunkerque.