Après de multiples renvois, le procès en appel de l’affaire de harcèlement à l’Intermarché de Château-Thierry a débuté mercredi 13 octobre 2021 au tribunal d’Amiens.
Mercredi 13 octobre 2021 a débuté au tribunal d’Amiens le procès en appel de l’affaire de harcèlement à l’Intermarché de Château-Thierry dans l’Aisne. Initialement prévu le 19 octobre 2020, puis le 31 mai 2021, il a été, à maintes reprises, repoussé en raison notamment de la crise sanitaire.
Ainsi, douze salariés font de nouveaux face à leurs anciens dirigeants, condamnés en première instance pour harcèlement moral envers leurs employés. "Ce qu’on attend, c’est la confirmation du premier jugement. Globalement, on était plutôt satisfaits de ce qu’il s’est passé à Soissons", indique Maître Barbara Vrillac, avocate de la partie civile.
Suite au premier jugement au tribunal correctionnel de Soissons en novembre 2018, la famille Gonthier a notamment été condamnée à des peines de prison avec sursis. 15 mois pour Fabienne Gonthier, 12 mois pour Michaël Gonthier et 3 mois pour Aliaume Gonthier. Père et fils ont alors fait appel. Fabienne Gonthier a renoncé à son appel et est, elle, définitivement condamnée.
"Les salariés sont à la fois contents de pouvoir redire les choses et aussi fatigués, car on a aussi une procédure aux Prud’hommes en cours qui est suspendue à la décision de la cour d’appel", précise Maître Vrillac.
Du harcèlement institutionnel ?
"Je vais plaider le harcèlement moral institutionnel", affirme Maître Barbara Vrillac. "Le harcèlement n’est pas forcément dirigé vers une personne particulière, mais c’est un mode de management par la peur, la menace et les insultes. On le démontre par d’autres plaintes", continue l’avocate.
Ce comportement concernerait d’autres établissements détenus par la famille Gonthier. À Biscarosse dans les Landes, une procédure aux Prud’hommes aurait également été lancée par les salariés d’un Super U, pour les mêmes aléas de gestion. Huit d'entre-eux étaient présents à l'audience mercredi 13 octobre.
Ils ont essayé de nous détruire.
"Je n’oublierai jamais, je ne pourrais jamais oublier ce qu’ils m’ont fait subir, c’est allé trop loin", témoignait une plaignante en début d’année au micro de France 3 Picardie, "ils ont essayé de nous détruire, mais nous sommes restés unis".
Les faits remontent à 2015. Michaël Gonthier et son épouse Fabienne Gonthier reprennent la gestion de l’Intermarché de Château-Thierry. Leur fils Aliaume Gonthier est aussi de la partie. Ils sont gérants jusqu’en mai 2016.
Pendant un an, leur management est décrié : insultes, multiplication des tâches, planning modifié en permanence, heures non payées... Plusieurs salariés quittent l’entreprise. L’un tente de se suicider.
"Je veux que le mal soit reconnu, car quand on en parlait, on nous disait que c’était impossible. Je veux aussi que ça serve d’exemple, et qu’ils ne fassent pas subir ça à d’autres", continue la plaignante. "J’ai trouvé un travail ailleurs, mais tant que ce n’est pas terminé, je ne pourrai pas passer à autre chose".
La famille Gonthier rejette ces accusations. Selon nos confrères de l’Union, lors de l’audience au tribunal correctionnel de Soissons, l’avocat de la famille Gonthier a fait valoir qu’aucun membre n’avait jamais été condamné pour de tels faits auparavant en apportant 45 attestations de leurs ex-employés à Fismes.
Le jugement de la cour d’appel d’Amiens sera rendu le 24 novembre.