Hauts de France : des nappes phréatiques en berne et une seconde sécheresse consécutive annoncée pour cet été

Dans l'hexagone, 75% des nappes d'eau souterraine sont en mauvaise posture. Celles de la Région des Hauts de France n'échappent pas au constat du Bureau de Recherches Géologiques et Minières. Dans son dernier bulletin, le BRGM a même établi une carte des zones où la sécheresse risque de sévir cet été.

Est-ce vraiment "la fin de l'abondance" ? L'expression lancée par Emmanuel Macron se calque malheureusement parfaitement aux derniers relevés du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), qui vient de sortir son bulletin d'avril sur la situation des nappes phréatiques. 75% sont en dessous de la normale. Elles étaient 58% à la même période en 2022.

Et ne vous fiez pas à vos impressions. Effectivement, il a plu au mois de mars dans la Somme et dans le Nord. Les précipitations, nous dit le BRGM, ont même été "excédentaires sur une grande partie du territoire national", mais pas assez pour combler le déficit des pluies hivernales.

Si ces semaines printanières se sont avérées humides, elles ne l'ont pas été suffisamment pour que les nappes se rechargent pleinement. Les eaux souterraines restent à un niveau bas, voire très bas. Selon le BRGM, "ce constat s’explique par une faible infiltration des pluies en profondeur, du fait de sols très secs et d’une végétation active tardivement". A partir d'avril, les températures remontent et l'évapotranspiration augmente. Cela va aussi "limiter nettement l’infiltration des pluies vers les nappes".

Le département du Nord placé en vigilance sécheresse

Les préfectures sont en alerte et si aucune mesure de restriction n'est encore annoncée, certaines prennent les devants en appelant à la sobriété d'usage et de consommation. La préfecture du Nord a ainsi placé le département en vigilance sécheresse. 

Voilà qui n'augure rien de bon pour notre avenir proche. Tournons-nous vers les prévisions de précipitations de météo France pour les trois prochains mois. Elles seront peut-être plus optimistes. L'agence ne se mouille pas en la matière, car comme elle le rappelle, "la prévisibilité sur la France, mais plus largement sur l’Europe et le monde, est particulièrement faible suite notamment à la fin de l’épisode 'La Niña' sur l’océan Pacifique". 

Nul ne prédit le scénario du pire, mais nul ne l'écarte. Ainsi, les experts hydrogéologues du BRGM ont édité une carte d’anticipation du risque sécheresse pour l’été 2023. Là encore, rien de rassurant. Pour le deuxième été consécutif, tous les départements des Hauts de France pourraient connaître une sécheresse dont l'intensité va de "fort" à "très fort". Le littoral du Pas-de-Calais et celui du nord de la Somme seraient sensiblement épargné avec un risque "faible".

Autre facteur qui pourrait jouer : la campagne d'irrigation des cultures. Elle influera inévitablement sur le niveau des nappes. En l'absence de pluies très excédentaires, "des restrictions d’eau souterraine seront vraisemblablement prises". Le prochain bulletin de situation des nappes phréatiques du BRGM est prévu pour la mi-mai.