A Roubaix, dans les Flandres ou en Picardie, la densité médicale est faible dans les Hauts-de-France. Et les chiffres ne vont pas en s'améliorant d'année en année : dans les zones rurales, les médecins généralistes peinent de plus en plus à trouver un successeur.
Une densité en baisse, des médecins généralistes vieillissants... Dans les Hauts-de-France, les déserts médicaux gagnent du terrain et la région fait figure de mauvais élève à côté de ses voisines.
Même les grandes villes n'échappent pas à ce constat. Si la situation est globalement meilleure qu'à la campagne, les chiffres restent en deçà du niveau national avec 7% de médecins généralistes en moins, 28 % de moins pour les dentistes.
Roubaix, notamment, n'échappe pas à ce constat. La ville compte 133 médecins, soit 1,4 généraliste pour 1 000 habitants. Mais dans les quartiers nord, la densité chutte à 0,8 médecin pour 1 000 habitants. Un constat alarmant qui a justifié l'ouverture d'un nouveau centre médical, en plein coeur du quartier de l'Alma, le 4 février.
"J'ai créé cette association pour faire venir des médecins salariés qui peuvent travailler pendant le temps qu'ils souhaitent : 1, 2 ou 3 ans, explique Laurent Taleux, président de l'Association centre de santé de l'Alma. C'est un modèle économique nouveau qui n'a jamais été tenté et pour lequel on a beaucoup d'espoir."
Espoir d'autant plus grand que 6 médecins roubaisiens sur 10 ont plus de 60 ans et devraient bientôt partir à la retraite. Ces dix dernières années, 6 médecins généralistes sont partis à la retraite sans être remplacés. Donc depuis l'ouverture du centre, les patients affluent.
"C'est très compliqué de trouver un médecin dans notre quartier. Les gens ne peuvent pas toujours se déplacer dans le centre-ville ou dans d'autres zones excentrées et les médecins sont submergés. Donc avant, c'était souvent les urgences ou la maison de la santé", témoigne Fatma Lansari, une patiente.
Les dentistes également viennent à manquer à l'échelle régionale. Il y en a 47% de moins à la campagne que dans le reste du pays. Des zones sont particulièrement touchées, dans le Pas-de-Calais surtout, mais aussi dans le sud du département du Nord ou dans certains secteurs des Flandres. Du côté des médecins spécialistes, la situation n'est pas bonne non plus : les Hauts-de-France enregistrent la plus faible densité du pays.
La Picardie particulièrement touchée
A la campagne, le constat est accablant. Les chiffres montrent que les jeunes médecins préfèrent s'installer dans des maisons médicales à plusieurs plutôt que de reprendre un cabinet libéral isolé dans un village. Conséquence : les médecins généralistes qui prennent leur retraite peinent à trouver un successeur. Aujourd'hui, les zones rurales de la région comptent 20% de généralistes en moins que la moyenne française.
La Picardie a tendance à être d'autant plus touchée depuis la fusion des régions. Parent pauvre en termes de moyens, la situation est devenue catastrophique explique Franck Garate du centre de SOS médecins à Amiens : "les aides vont disparaître vers des zones encore plus pauvres que la Picardie et on se dirige vers une catastrophe sanitaire".
L'espoir repose désormais sur le projet de loi Buzyn et ses 400 millions d'euros supplémentaires qui doivent être engagés dès 2019 pour lutter contre les déserts médicaux. Il prévoit surtout de labelliser les premiers "hôpitaux de proximité", avec l'objectif de reconnaissance de 500 à 600 établissements.