A Hénin-Beaumont, la déception du camp Le Pen. A Saint Quentin, le triomphe modeste chez Xavier Bertrand

Un silence de cathédrale, des sifflets et enfin quelques "Marine! Marine!" : les 300 sympathisants FN rassemblés à Hénin-Beaumont ont affiché dimanche une déception à la hauteur de leurs espérances. Au même moment, à Saint-Quentin, fief de Xavier Bertrand, le triomphe se voulait modeste.

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"On s'en doutait vu le carnage médiatique entre les deux tours. Je trouve que c'est un déni de démocratie, le temps jouera en notre faveur car ils (les partis traditionnels, ndlr) n'ont aucune solution", explique Franck, 45 ans, chef d'entreprise, depuis le QG de Marine Le Pen peu après 20 heures et les premières estimations donnant Xavier Bertrand large vainqueur pour diriger la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais/Picardie. Comme lors du premier tour, le Front national avait donné rendez-vous aux journalistes - environ 200 dont beaucoup de presse étrangère - et à ses sympathisants dans un gymnase de cette commune de l'ancien bassin minier du Pas-de-Calais devenu un fief frontiste depuis la victoire de Steeve Briois en 2014 à la mairie.


José, 70 ans, militant FN depuis deux ans, ancien membre du PCF, n'est lui pas si étonné de ce revers. "On a tous les ripoux contre nous, on s'y attendait, je ne suis pas naïf", explique-t-il, condamnant comme beaucoup d'électeurs frontistes le rôle des médias. "La Voix du Nord a été un tract permanent", fustige-t-il, en allusion à la campagne du quotidien nordiste appelant à faire barrage au parti d'extrême droite. En dépit du revers, les cadres frontistes tentaient peu avant 20H00 de faire bonne mesure, à l'image de Sébastien Chenu, directeur de campagne de Marine Le Pen, estimant que le système politique français était entré dans l'ère d'un bipartisme d'un nouveau type. "On est face aux deux mastodontes qui ont gouverné la France. On devient la seule opposition dans ce pays car ils (LR et le PS) sont alliés, ils n'incarnent pas l'opposition. Lors de la présidentielle, Marine Le Pen incarnera l'opposition", prophétise-t-il. "On reconfigure le jeu politique, avec d'un coté un parti libéral-européo-mondialiste et de l'autre côté le camp des patriotes et des souverainistes", appuie-t-il. Steeve Briois échangeait, lui, en souriant avec quelques journalistes. "Il n'y a jamais de défaite chez nous, à chaque scrutin nous progressons et nous franchissons de nouveaux paliers d'élections en élections", explique-t-il, optimiste. Et de fustiger: "la malhonnêteté et le mensonge l'ont emporté". Vers 20H15, Marine Le Pen monte à la tribune, acclamée par les adhérents, brocardant "un régime à l'agonie".

Bertrand le visage grave

A l'autre bout de la nouvelle grande région, à Saint-Quentin (Aisne), une centaine de personnes, principalement des électeurs de droite, se sont attardées après le discours de Xavier Bertrand, dans le grand salon du palais de Fervaques où ils ont fêté la victoire de leur candidat en buvant quelques verres de Crémant de Loire. "Je suis contente de la victoire de Xavier, mais le premier tour avec un FN aussi fort a été un véritable séisme. La France va très mal", explique Christelle, 42 ans qui a du mal à contenir un large sourire sous ses mèches blondes. "J'espère que les politiques vont se remettre en question. Après tout, ce rassemblement de la droite et de la gauche peut être porteur d'espérance et de changement", estime-t-elle avant de déplorer, la mine renfrognée, "les leçons qui non pas été tirées en 2002 après la présence de (Jean-Marie) Le Pen au second tour de la présidentielle".

Rare militant FN à avoir assisté au discours du candidat LR-UDI-Modem, Benoît, 42 ans, survêtement bleu, repart la tête basse malgré ses deux mètres. "Je suis dégouté (...). Dire qu'il (Xavier Bertrand) a eu le culot de remercier les électeurs de gauche ! Ça montre bien la connivence UMPS", affirme-t-il. Xavier Bertrand a en effet prononcé un discours de rassemblement, saluant notamment "les électeurs de gauche qui ont clairement voté pour faire rempart". Il a ensuite vite quitté la salle, le visage grave, pour s'isoler avec quelques militants avant de partir.
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