Ces dix dernières années, la vigne s'est considérablement développée aux Pays-Bas malgré un climat défavorable.
"La Hollande, l'autre pays du fromage", clamait il y a une vingtaine d'années une fameuse réclame. Aujourd'hui, nos voisins néerlandais ambitionneraient-ils également de concurrencer la France dans la production de... vin ? Pour l'heure les quelque 140 viticulteurs que comptent les Pays-Bas ont des objectifs bien plus modestes. Certes, la surface viticole a presqu'été multipliée par 10 en dix ans au pays des polders. Mais avec 250 à 300 hectares de vigne cultivée (contre 750 000 en France), la Hollande reste encore un acteur mineur sur le marché européen.
Il faut dire que le climat néerlandais n'est pas le plus propice au développement de la vigne, en raison du froid, du manque de soleil, du vent et de l'humidité. Pourtant les viticulteurs locaux ont réalisé d'énormes progrès, grâce à l'importation de cépages hybrides développés en Allemagne et en Europe centrale, comme le Johanniter ou le Solaris. "Ces cépages résistent notamment mieux à la maladie du mildiou et leurs raisins mûrissent plus vite, ils sont plus adaptés au climat néerlandais", explique Job Huisman, un viticulteur hollandais de Drempt, un village situé à une centaine de kilomètres à l'est d'Amsterdam. Nous lui avons rendu visite, début octobre, lors des vendanges.
Reportage de Yann Fossurier et Jean-Marc Vasco
Avec son épouse Neeltje, il produit maintenant six vins différents, rouges, blancs et rosés, à partir de nouveaux cépages et à raison de près de 4.000 litres par an. En juillet dernier, son "Nieuw Tivoli 2011" a obtenu le premier prix de la catégorie "blanc cuvée" lors d'un concours organisé par l'Institut du vin de Freiburg (sud-ouest de l'Allemagne), qui mettait en compétition 143 vins d'Allemagne, Danemark et Italie notamment, issus de cépages développés à Freiburg. Cette année, il va même tenter de produire pour la première fois un vin pétillant, proche du crémant.
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"Il y a quinze ans, lorsque je goûtais du vin néerlandais, il était tout simplement imbuvable", soutient Nicolaas Klei, un spécialiste du vin, auteur de plusieurs livres. "Actuellement, je dirais qu'il n'est pas mauvais à boire. Dans le meilleur des cas", poursuit-il, soutenant notamment que les nouveaux cépages n'égalent pas les meilleurs cépages classiques: "il faut être réaliste, on ne fera jamais du grand vin aux Pays-Bas".
D'autres, comme Hans Duijker, lui aussi auteur de plusieurs livres sur le vin, assurent que le vrai problème n'est pas le manque de qualité du vin néerlandais, mais son mauvais rapport qualité/prix. "La terre, les machines, les infrastructures, la main d'oeuvre, cela coûte plus cher aux Pays-Bas que dans beaucoup d'autres pays", explique-t-il. "Il faut compter environ 11-12 euros pour un bon vin néerlandais", assure M. Duijker : "dans les magasins, vous pourrez trouver du vin d'une qualité équivalente, voire meilleure, pour bien moins que cela".