Otages Niger: la version d'un membre d'Aqmi

Un an après, un terroriste évoque le rôle de l'armée française dans la mort d'Antoine et Vincent au Niger.

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Tout avait été planifié, organisé. Il était impossible pour Antoine de Léocour et Vincent Delory d'éviter le piège tendu le 7 janvier dernier. Dans une audition auprès d'un juge français et un magistrat mauritanien, révélée aujourd'hui par Libération et la Voix du Nord, "Mouawiya", un membre d'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique), qui n'a toutefois pas participé à l'opération, donne sa version des événements. Et apporte de nouvelles révélations. 


Premières attaques à la frontière

Pendant un temps, les ravisseurs avaient même cru au succès de leur opération. Après l'enlèvement des deux nordistes dans un restaurant de Niamey au Niger, les ravisseurs rejoignent la frontière dans un convoi de trois véhicules. Direction le Mali où la "katiba" (brigade) avait établi son repaire.

Dans son audition mal traduite, le membre d'Aqmi raconte qu' "à l'instant précis où les trois véhicules étaient entrés à l'intérieur du territoire malien (...) les éléments de la katiba étaient en train d'être attaqués par les forces aériennes françaises (...). Les deux otages se trouvaient à cet instant à bord du premier véhicule avec les mains attachées. ils étaient encore sains et saufs."

La suite est racontée avec force détails: "Les éléments de la katiba quittèrent les véhicules afin d'éviter les coups de feu qui avaient pour cibles les trois véhicules. Fayçal al-Jazaïri (un des ravisseurs) se trouvait en compagnie d'un des otages, qu'il tira à une distance pas loin du véhicule. Mais l'otage précité n'avait plus la force de suivre Fayçal al-Jazaïri dans sa marche. En conséquence, celui-ci l'abattit de plusieurs balles à partir de son arme de kalachnikov. Le motif qui a poussé Fayçal à abattre l'otage revient probablement au fait que, s'étant trouvé sous la pression des coups de feu, il se débarrassa de l'otage." Il s'agit d'Antoine de Léocour.

La seconde partie du récit concerne Vincent Delory: "Aucun parmi les éléments de la katiba n'avait retiré le deuxième otage, qui avait brûlé dans le véhicule à bord duquel il se trouvait. pour ma part, je pense que le véhicule a pris feu suite aux tirs d'une part, et d'autre part en raison de l'existence d'essence à bord." 

Le témoignage de Mouawiya implique l'armée française dans la disparition des deux otages français. C'est ce qu'estime Frank Berton, avocat de la famille Delory qui, cité dans Libération, explique : "Cette opération baptisée Archange Foudroyant porte bien son nom. C'est un véritable désastre. Nous voulons maintenant savoir qui exactement a donné l'ordre de tirer. Et si le buit de l'opération était véritablement de sauver les otages".

Un an après l'affaire, les familles des deux victimes dénoncent toujours un manque de transparence de la part de l'armée française.

Ces dernières révélations apporteront un peu plus d'émotion à l'hommage que rendra ce dimanche la ville de Linselles à Vincent et Antoine, en l'honneur de qui, une stèle sera posée.

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